
La veille, lors d'un grand meeting en plein air à Paris, il s'était efforcé de galvaniser les dizaines de milliers de partisans venus l'acclamer. Et il a surpris en se prononçant en faveur de l'ouverture d'un débat sur le soutien de la Banque centrale européenne (BCE) à la croissance en berne de la zone euro. Il venait ainsi sur les thèmes de François Hollande qui, depuis le début de sa campagne, insiste sur la nécessité de placer la croissance au centre des politiques européennes, et pas seulement la rigueur budgétaire. "Sur le rôle de la Banque centrale dans le soutien à la croissance, nous allons aussi ouvrir le débat et nous allons faire avancer l'Europe", a lancé le président-candidat, en pointant du doigt les "limites des règles" du Traité de Maastricht qui donne pour mission première à la BCE de veiller à contenir l'inflation. Cette déclaration de Nicolas Sarkozy est une entorse à un accord conclu en novembre dernier avec la chancelière allemande Angela Merkel, hostile à toute remise en cause de l'indépendance de la BCE, consistant à ne pas évoquer publiquement l'action de la Banque centrale sur les marchés pendant la crise. Le gouvernement allemand a "la conviction profonde" que la BCE doit exercer son mandat "de manière totalement indépendante", une conviction "connue à Paris", a rappelé lundi le porte-parole de la chancelière.
"Il est bien temps qu'il (Sarkozy) arrive à la lucidité au terme de son mandat", a raillé M. Hollande. "Dommage. Il l'avait oubliée (la croissance, ndlr) en chemin pendant cinq ans", a-t-il ajouté. Le favori des sondages a également lancé un appel à la chancelière allemande estimant qu'elle "ne peut être sûre de rien" désormais avec Nicolas Sarkozy, dans un entretien à paraître mardi dans le quotidien La Voix du Nord. Nos partenaires, notamment les Allemands, préfèrent avoir à la tête de la France un chef d'Etat qui tient son cap, même si ce n'est pas le leur, et n'en change pas", a-t-il ajouté. Alors que le soutien promis à Nicolas Sarkozy par Angela Merkel tarde à venir dans la campagne, François Hollande va recevoir celui d'un premier chef de gouvernement européen: le Premier ministre belge Elio Di Rupo qui assistera mardi à son meeting à Lille (nord). Le président sortant semble loin d'atteindre son objectif de sortir nettement en tête au premier tour dimanche prochain afin de créer une dynamique susceptible de changer la donne. D'après les derniers sondages, les deux rivaux sont au coude à coude, sous les 30%, et les tendances les plus récentes sont plutôt favorables au socialiste.
L'avance de François Hollande reste toujours aussi nette au second tour, qui aura lieu le 6 mai (54 à 56% des intentions de vote).
"On est arrivé à un pallier, c'est vrai, mais dans la durée, on monte", défend la porte-parole de M. Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet. "De nombreux électeurs hésitent encore". Au second tour, François Hollande est sûr de pouvoir compter sur un report écrasant des voix de Jean-Luc Mélenchon (donné entre 13 et 16%) et de l'écologiste Eva Joly (2 à 3%). Ce qui est loin d'être le cas pour Nicolas Sarkozy avec les voix de la candidate du Front national Marine Le Pen (14 à 17%). Quant aux électeurs du centriste François Bayrou (environ 10%), ils se partageraient à parts égales entre les deux hommes au second tour.