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S’armer de patience en l’absence d’indicateurs pour un changement de cap

La reprise ? On en est au tout début

Jeudi 26 Août 2021

S’armer de patience en l’absence d’indicateurs pour un changement de cap
«Les derniers indicateurs conjoncturels disponibles attestent de la poursuite de la reprise de l’activité économique en 2021. Cette dynamique s’est nourrie du redressement de la valeur ajoutée agricole, grâce à la réalisation d’une très bonne production céréalière, soit la deuxième meilleure production après celle de 2014-2015, et de la poursuite de la reprise des activités non agricoles pour regagner leur niveau d’avant-crise (industries manufacturières, BTP, énergie électrique, télécoms …)», a indiqué la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) relevant du ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’administration dans sa note de conjoncture.

Selon ledit document, la consommation des ménages aurait regagné sa vigueur, dans un contexte de maîtrise de l’inflation. Cette évolution tire profit de l’orientation favorable des revenus, en ligne avec la réalisation d’une très bonne campagne agricole, de la reprise de création d’emplois au T2-2021, du redressement des crédits à la consommation et de la bonne tenue des transferts des MRE. Quant à l’investissement, ajoutent les rédacteurs dudit document, il aurait manifesté des signes de rétablissement, en phase avec la poursuite du redressement des importations des biens d’équipement, la hausse des recettes des IDE et la reprise de l’investissement budgétaire.

Concernant les échanges extérieurs, la DEPF indique qu’ils poursuivent leur consolidation à fin juin 2021, sous l’effet combiné du raffermissement des exportations (+24%), et des importations (+19,5%), se traduisant par une amélioration du taux de couverture de 2,2 points.

Ces indicateurs traduisent-ils une vraie reprise ? «Nous sommes au début de la reprise et on ne peut pas dire que notre économie a retrouvé sa vitalité», nous a indiqué Hicham Attouch, professeur d’économie à l’Université Mohammed V-Rabat. Et de poursuivre : «En effet, deux raisons expliquent cette situation. D’abord, il y a une reconfiguration de l’économie au niveau national et international par la modification des chaînes de logistique. Ensuite, l’instabilité de la demande extérieure sur laquelle le Maroc compte trop depuis 2015 après la stagnation de la demande intérieure».

Pour notre interlocuteur, l’économie nationale ne reprendra sa vigueur qu’à partir de 2023, mais cela exige, selon lui, deux conditions. «Il faut que l’Etat reconfigure son jeu d’offre d’autant qu’il dispose d’un certain potentiel dans quelques domaines (gaz, fabrication des vaccins, les énergies renouvelables, l’agriculture, l’industrie…).

A noter que ces secteurs ont été mentionnés comme des opportunités pour notre pays par le rapport de la Commission spéciale sur le modèle de développement», nous at-il expliqué. Et de poursuivre : «Deuxième condition à prendre en considération est celle relative à la demande intérieure et extérieure. Sur le plan intérieur, l’Etat doit procéder à une politique de redistribution permettant un rééquilibrage des revenus et une augmentation de la consommation. Une politique d’emploi s’impose également. Ces deux politiques seront en mesure de doper la demande intérieure. Sur le plan extérieur, le Maroc doit se positionner à l’international notamment vis-à-vis de pays comme la Chine, la Russie, entre autres. La situation de crise et la reconfiguration de l’économie mondiale imposent de nouveaux partenariats».

Les signes d’une telle mutation de l’économie nationale se sont-ils manifestés dans les orientations de l’Etat? «Jusqu’à présent, il n’y a pas d’indicateurs indiquant un changement de cap. En effet, ni le nouveau modèle de développement ni la note de cadrage relative à la loi de Finances ne traduisent ou augurent de transformations majeures. A l’inverse, ces deux documents indiquent que nous sommes encore sur la trajectoire des grands chantiers avec une touche sociale et certaines reconfigurations», a souligné Hicham Attouch. Et de préciser : «Beaucoup de points restent encore flous ou manquent de clarté comme : comment l’Etat compte-t-il doper le secteur privé ? Comment compte-t-il intégrer le secteur informel ? Qu’en est-il de sa politique de repositionnement, de scénario envisagé pour sortir de la dette et comment compte-til mobiliser les financements?»

Et qu’en est-il des moyens financiers mobilisés puisque la situation des charges et ressources du Trésor dégage un déficit budgétaire estimé à 24,6 milliards de dirhams (MMDH) au titre des cinq premiers mois de cette année, contre un déficit de 23,3 MMDH à fin mai 2020, selon la Trésorerie Générale du Royaume (TGR) ? «Parler de déficit budgétaire ou d’un Etat déficitaire est un faux débat. Prenez l’exemple des Etats-Unis qui, malgré un déficit de près de 1.000 milliards de dollars en 2019, demeurent l’une des puissantes économies au monde. En effet, l’essentiel est d’assurer une économie qui tourne et garantit une politique de répartition et de redistribution. La vraie clé pour emprunter le chemin d’une telle économie passe essentiellement par la bonne gouvernance, l’élaboration d’une stratégie et le fait de se doter d’une vision à moyen et long termes», a conclu Hicham Attouch.

Hassan Bentaleb

Libé

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