Pour Ihsan al-Chamari, professeur de sciences politiques à l’Université de Bagdad, «il y a de grandes similitudes entre la nature des régimes d’Irak et du Liban, les divisions sont les mêmes, basées sur des critères ethniques et confessionnels même si ce n‘est pas écrit dans la Constitution comme au Liban». «Malheureusement, ces quotas ne concernent pas seulement les trois postes principaux, ils ont débordé sur les ministères et ont eu un effet boule de neige au point d’affecter les employés du Parlement et des services gouvernementaux, et même les forces de l’ordre», souligne-t-il. Résultat: beaucoup d’Irakiens se plaignent d’être tenus à l’écart de certains postes pour des raisons confessionnelles, alors que les thèmes religieux ou ethniques étaient officiellement tabous avant le renversement de Saddam Hussein. Wissam al-Faili, un ingénieur kurde chiite de 39 ans, a été embauché au ministère des Ressources hydrauliques du temps où le ministre était un Kurde. «Maintenant c’est un sadriste (de la mouvance du chef chiite Moqtada Sadr) et la plupart des gens nommés sont à présent des Arabes chiites». Pour Ahmed al-Sammaraï, un Arabe sunnite de 36 ans employé au ministère de l’Electricité, «les hommes politiques et même les gens en général n’ont plus de loyauté envers le pays, contrairement à avant 2003».»Les quotas confessionnels et partisans sont présents partout et concernent les choses les plus simples comme les groupes de pèlerins (pour La Mecque) pour lesquels les chiites ont droit à deux fois plus de fidèles que les sunnites», déplore-t-il.
Et, comme au Liban, les pays voisins jouent en coulisse. Le fragile accord ayant propulsé M. Maliki au pouvoir reflète de fait l’équilibre des puissances régionales, Washington et son allié saoudien d’un côté, et l’Iran de l’autre, selon les experts.
«Tous les partis ont des allégeances à l’étranger, qui comptent plus que celle vis-à-vis de leur patrie», remarque M. Chamari. «Ces liens sont la principale cause du malaise» politique. «Nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous-mêmes car nous avons permis à ces voisins d’interférer», relève M. Roubaïe. Malgré cela, il se veut optimiste: le retrait des forces américaines d’Irak représente une «occasion en or de régler nos problèmes. C’est une grande chance de cesser de transformer l’Irak en un deuxième Liban».