Le populisme n’est pas une dérive discursive accidentelle. Il est devenu le mode de gestion ordinaire d’un gouvernement en panne de vision. Quand les politiques publiques échouent, le slogan remplace la stratégie ; quand les inégalités s’aggravent, la communication prend la place de la décision; quand la société doute, l’exécutif répond par la simplification et l’illusion.
C’est dans ce paysage appauvri que se joue aujourd’hui la responsabilité historique des partis politiques. Soit ils accompagnent la mise en scène permanente du gouvernement, soit ils reconstruisent le politique là où le populisme l’a vidé de son sens.
Le chemin emprunté par l’Union socialiste entre le onzième et le douzième Congrès national relève clairement du second choix.
Gouverner par le slogan, gouverner par le vide
Le gouvernement actuel a fait du populisme une méthode. Il parle au nom du peuple sans jamais avoir mis en œuvre les démarches participatives qui lui auraient permis de prendre connaissance de ses preoccupations et encore moins de ses attentes. Il promet la proximité tout en concentrant les décisions, il invoque l’efficacité tout en affaiblissant les institutions intermédiaires, et instrumentalise la détresse sociale pour masquer l’absence de réformes structurelles.
Ce populisme n’est pas simplement bruyant, il est également un instrument de gestion : chiffres sans vision, annonces sans suivi, réformes sans débat. Il produit une politique sans conflit assumé, donc sans choix démocratiques clairs.
Face à cette logique, reconstruire des partis organisés n’est pas un luxe : c’est une nécessité démocratique.
Agir face à la propagande
Le populisme prospère sur la personnalisation du pouvoir et la mise à distance des citoyens. Il déteste les partis structurés parce qu’ils introduisent du débat, du contrôle et de la contradiction.
La régionalisation partisane engagée par l’Union socialiste va à contre-courant de cette logique. Elle ne cherche pas à produire des images, mais à repolitiser l’organisation. Là où le gouvernement gouverne par storytelling, l’Union socialiste choisit le travail collectif, lent mais structurant. Là où l’exécutif réduit la politique à la gestion, le parti de la Rose la replace dans le champ du conflit social assumé.
Décentraliser pour casser la logique populiste
Le populisme se nourrit du centre : centre de décision, centre médiatique, centre de légitimité. En redonnant un rôle politique réel aux régions et aux provinces, l’Union socialiste casse cette mécanique. Elle refuse que la politique se fasse loin des territoires, loin des réalités sociales, loin des colères concrètes.
Cette décentralisation n’est pas administrative, elle est idéologique : elle affirme que la transformation sociale ne peut venir ni d’un leader providentiel ni d’un cabinet fermé.
Quand le gouvernement craint les territoires
Ce n’est pas un hasard si le gouvernement actuel se méfie des organisations territoriales fortes. Elles sont incontrôlables, elles produisent du débat, elles révèlent les contradictions entre discours national et réalité locale. En réhabilitant le niveau provincial et régional, l’Union socialiste fait exactement ce que le populisme redoute : donner une voix politique structurée aux territoires, à même de contester les récits officiels par l’expérience vécue.
Démocratie militante contre démocratie d’audience
Le populisme transforme le citoyen en spectateur. Il attend l’adhésion, pas la participation. L’expérience de démocratie interne décentralisée menée par l’Union socialiste repose sur une logique inverse : former des militants acteurs, capables de produire de l’analyse, de la critique et des propositions. C’est cette démocratie militante, exigeante et parfois conflictuelle, qui constitue l’antidote le plus solide à la dépolitisation orchestrée par le gouvernement.
Du XIe au XIIe Congrès : préparer l’alternative, pas seulement l’opposition
Le onzième Congrès a permis de tenir dans la tempête. Le douzième doit permettre de passer à l’offensive politique. Face à un gouvernement qui confond stabilité et immobilisme, l’Union socialiste doit assumer une opposition de rupture : rupture avec les politiques d’inégalités, rupture avec la gouvernance par la communication, rupture avec le mépris des corps intermédiaires.
L’objectif n’est pas de commenter l’échec du gouvernement, mais de préparer méthodiquement l’alternative.
Le populisme ne se combat pas par des slogans, mais par des organisations
On ne combat pas le populisme avec de meilleurs slogans. On le combat avec des partis enracinés, structurés, démocratiques, capables de transformer la colère sociale en projet collectif.
La régionalisation partisane n’est pas une innovation technique : c’est une arme politique contre la confiscation du pouvoir et la dépolitisation de la société. Si l’Union socialiste assume pleinement ce choix, sans compromis ni retour en arrière, elle peut redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : une force de transformation démocratique, ancrée dans les territoires, fidèle à ses valeurs, et capable d’opposer au populisme gouvernemental une alternative crédible, sociale et profondément politique.
Par Mohamed Assouali
Membre du Bureau politique de l’Union socialiste des forces populaires












