Réfugié en Tunisie, Zakaria Hannache craint de connaître le sort de Slimane Bouhafs


Mehdi Ouassat
Mardi 21 Février 2023

L’opposant algérien a dû changer de refuge onze fois en trois mois, vivant constamment dans la peur d'être enlevé ou remis aux autorités algériennes

L'opposant algérien Zakaria Hannache a demandé à être accueilli en France en tant que réfugié politique, craignant d'être «enlevé par les services secrets algériens». Depuis le 14 novembre 2022, Hannache se terre à Tunis, où il est sous la protection du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) après avoir été l'un des plus fervents défenseurs des droits des détenus politiques algériens. Il craint aujourd’hui d'être expulsé vers l'Algérie, où il risque de croupir dans les geôles de son pays. Âgé de 35 ans, Zakaria Hannache a témoigné au journal français Le Monde des souffrances qu'il endure en Tunisie, où sa sécurité est grandement menacée par les services secrets d’Alger, surtout que le régime militaro-politique algérien exerce une emprise croissante sur la Tunisie, largement dépendante de l'aide algérienne depuis 2021. Hannache a dû changer de refuge onze fois en trois mois, vivant constamment dans la peur d'être enlevé et remis aux autorités algériennes. L’opposant craint de subir le même sort que Slimane Bouhafs, un réfugié politique algérien, enlevé en Tunisie en 2021 et qui est actuellement incarcéré en Algérie. Le régime algérien a été critiqué à maintes reprises pour sa répression violente des militants politiques et des manifestants, en particulier ceux du fameux Hirak, dont Hannache a été l'un des leaders, documentant les détentions arbitraires et les violences policières commises par les autorités. Sa demande d'asile en France est une nouvelle démonstration flagrante de l'incapacité volontaire de la junte algérienne à respecter les droits de l'Homme et les libertés individuelles. La France a, quant à elle, une responsabilité particulière envers les réfugiés politiques algériens. En plus de dénoncer publiquement les violations des droits de l'Homme commises par Chengriha et consorts, Paris doit davantage protéger les personnes menacées, notamment en offrant un abri sûr aux réfugiés politiques algériens et en exerçant une pression sur le gouvernement afin de mettre fin à la répression violente des opposants et des manifestants. Cependant, la demande d’asile de Zakaria Hannache ne doit pas être perçue uniquement comme un geste humanitaire, mais comme une question de justice, de démocratie et de droits de l’Homme. La situation de Zakaria Hannache est symptomatique de la situation politique en Algérie. Depuis 2019, le Hirak, mouvement populaire pacifique qui lutte pour un changement radical du système politique en place, a été sévèrement réprimé par le régime militaro-politique. Les arrestations arbitraires, les détentions prolongées, les procès expéditifs et les violences policières sont devenus monnaie courante en Algérie, de même que les voix dissidentes sont systématiquement muselées. Dans ce contexte, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), un parti d'opposition algérien, a récemment exprimé sa préoccupation quant à la situation de la démocratie et des libertés en Algérie. Dans un communiqué publié après une réunion de son secrétariat national, le parti a averti que le gouvernement algérien cherchait à éliminer les contre-pouvoirs et à réprimer les libertés individuelles et collectives. Le RCD a dénoncé la privatisation des institutions de l'État algérien, qui, selon lui, permet à ce pouvoir de museler les voix critiques et d’ignorer les droits fondamentaux. Le parti a également souligné que les militants politiques et associatifs, les journalistes, les hommes de culture et les citoyens étaient tous exposés à la machine répressive du gouvernement, qui se caractérise par des convocations aux brigades et commissariats, des intimidations contre les syndicalistes, des interdictions arbitraires de sortie du territoire, des arrestations et des emprisonnements. Le parti politique algérien a également critiqué la gestion des affaires courantes de l'Algérie par le gouvernement, notamment la loi de finance scélérate et les décisions intempestives et populistes qui ont accentué la détresse des citoyens. Il a déploré que la vie socioéconomique des Algériens soit plongée dans une spirale infernale faite de pénuries et de flambées des prix des denrées alimentaires. Et de conclure que cette situation ne fait que fragiliser l'État et ses institutions, exposant davantage l'Algérie aux bouleversements géopolitiques en cours. 


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