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Aujourd’hui plus que jamais, la Beïa est au cœur d’une actualité foisonnante, parfois dissonnante. Le livre de Bahija Simou est paru alors même que le Maroc vient de changer sa Constitution, poussant encore plus loin la réforme. Le Maroc change, ses institutions aussi. La Beïa n’est pas anachronique. Elle est même soluble dans la construction démocratique. C’est ce que tente de démontrer l’historienne au fil des pages.
L’auteur le sait, l’acte d’allégeance traverse, ici et là, des débats souvent stériles. Parce que la lecture de ce « contrat indéfectible entre le Roi et le peuple » ne saurait se faire de manière correcte sans les outils de compréhension. La Beïa peut-elle faire valablement débat en l’absence de connaissances historiques ? Non, s’exclame Bahija Simou, la directrice des archives Royales. Et pour cause, cette historienne, spécialiste de l’histoire militaire marocaine, vient de publier « La Beïa, un pacte permanent entre le Roi et le peuple », un ouvrage en langue arabe, qui mêle tout à la fois manuscrits, documents historiques, sigillographiques, picturaux et photographiques pour initier le lecteur, averti ou néophyte, à ce contrat qu’est l’allégeance. L’auteur a consacré trois années à l’élaboration de ce beau-livre, entièrement conçu au Maroc, multipliant les recherches dans plusieurs fonds d’archives consultés à la Bibliothèque Hassanienne, la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, les archives Royales, la Bibliothèque de Tétouan, celle d’Al Quaraouiyine, ainsi que des fonds privés conservés dans le Mausolée Moulay Idriss ou encore la zaouia Cherkaouia. Une matière scientifique de première importance qui a permis de rendre lisibles et visibles les prolongements civilisationnels de la Beïa mais aussi et surtout son continuum historique. En fait, et grâce en soit rendue à Bahija Simou, cet ouvrage puise toute son originalité dans le regroupement dans un seul volume –et c’est une première- des textes de la Beïa dont plusieurs jusque-là inédits. Dans ce long et savant cheminement, l’objectif de celle qui préside aux destinées des archives Royales est clairement assumé : la mise en exergue des spécificités du concept de la Beïa tout en comblant une lacune dans la sphère des recherches relatives à cette institution multiséculaire qui occupe une place nodale dans l’histoire de l’Etat marocain.
Une démonstration documentée basée sur les textes permet aussi à Bahija Simou, l’historienne imbattable sur la réforme à travers l’Histoire du Maroc d’avancer que le processus de réforme –et en particulier la réforme constitutionnelle- ne saurait être contradictoire avec l’allégeance, « cet acte juridique et religieux à très grande portée symbolique qui a été et demeure le garant à la fois de l’unité du Royaume et de la sécurité sur l’ensemble du territoire marocain ».
Le document historique se démocratise
Six périodes historiques de la dynastie alaouite forment l’ossature de cet ouvrage fondateur d’une nouvelle manière de considérer le document historique en tant qu’instrument majeur dans la dynamique de l’Etat marocain moderne : genèse et fondation, affermissement des piliers de l’Etat, expansions coloniales et tentatives de réformes, résistance et recouvrement de l’Indépendance, fondation de l’Etat marocain moderne. La sixième et dernière séquence historique qu’analyse Bahija Simou est consacrée au Roi Mohammed VI sous le titre de « Maroc nouveau. Grandes réalisations, réformes radicales et avenir prometteur ».
« La Beïa » de Bahija Simou est à la fois un beau-livre et un ouvrage qui grouille d’informations qui viendra enrichir la bibliothèque des chercheurs férus d’histoire, de politique, de droit, de jurisprudence ou de littérature. Les amateurs d’art seront eux aussi servis. Le livre regorge de toiles représentant la Beïa à travers l’histoire des sultans alaouites.
En ces temps de réforme, cet ouvrage est aussi et surtout une contribution au débat, un outil scientifique en appui à la Constitution adoptée le 1erjuillet dernier. Au 19èmesiècle, le Royaume avait raté le rendez-vous de la réforme. Aujourd’hui, le Maroc n’en a pas le droit.
* La Beïa, un pacte permanent entre le Roi et le peuple
Bahija Simou
Ed. Direction des archives Royales
565 pages