Les Suisses se sont prononcés dimanche dans le cadre d'un référendum "contre l'immigration de masse", notamment de ressortissants de l'Union européenne, qui pourrait donner lieu à un affrontement avec Bruxelles en cas de victoire du oui.
Les premières tendances devraient tomber en début d'après-midi, car les bureaux de vote devaient fermer à midi. Aucune animation particulière n'était visible devant les bureaux, la plupart des Suisses votant par correspondance.
Selon le dernier sondage, les partisans du oui à ce référendum ont gagné du terrain, au détriment de ceux du non, ce qui laisse présager un scrutin serré.
Craignant déjà une victoire du "oui", un député de droite, Hans Grunder, opposé au texte, a prédit dans le journal Schweiz am Sonntag, un vaste remaniement ministériel.
Concrètement, le député indique que six des sept ministres composant le gouvernement suisse -- qui soutient le non -- devraient démissionner. Seul le ministre de la Défense, Ueli Maurer, membre de l'UDC qui a soutenu le texte, pourrait rester selon M. Gruender.
"Il n'y a qu'une solution, l'UDC reprend le gouvernement et assume la responsabilité" du référendum, a-t-il déclaré.
Le député craint encore que les négociations en cours avec l'UE soient "bloquées dès lundi".
Pour le politologue genevois, Pascal Sciarini, si le oui l'emporte, ce sera "le chaos", car les relations entre la Suisse et l'UE risquent d'être complètement remises à plat.
La Suisse est un petit pays, peuplé de huit millions d'habitants, qui ne fait pas partie de l'UE, alors qu'il est cerné par des pays membres de l'UE. Liée par des accords bilatéraux avec l'UE, négociés âprement pendant cinq ans, la Suisse a accepté d'ouvrir son marché du travail aux 500 millions d'actifs de l'UE.
Au moment de l'entrée en vigueur de la libre-circulation, qui s'est faite progressivement depuis 2002, les autorités avaient indiqué qu'il n'y aurait que 8.000 arrivants par an maximum.
En fait, la Suisse avec son insolente bonne santé économique qui tranche avec la crise dans la zone euro, accueille bon an mal an 80.000 nouveaux arrivants sur son marché du travail, un chiffre qui provoque la colère du parti UDC (droite populiste), le parti le plus important du Parlement suisse.
Si le oui l'emporte, la Suisse rétablira des quotas et contingents selon ses besoins pour les immigrés, un système avec lequel elle a vécu avant les accords bilatéraux avec l'UE et qui représente beaucoup de tracasseries administratives, dénoncées par les employeurs.
Le gouvernement suisse, la plupart des partis politiques ainsi que le patronat se sont prononcés de manière catégorique pour le non à ce référendum.