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Records absolus du réchauffement climatique

L'année 2020 n'aura pas été que celle du coronavirus


Hassan Bentaleb
Mardi 8 Décembre 2020

S i vous avez senti que l’été dernier a été très chaud, vous n’avez pas tort puisque l’année 2020 est en passe de devenirl’une des trois années les plus chaudes jamais constatées. La décennie 2011-2020 sera aussi la plus chaude jamais observée et les six années écoulées depuis 2015 sont les plus chaudes, a révélé un rapport provisoire de l’Organisationmétéorologique mondiale (OMM) sur l’état du climat mondial en 2020. Selon ce document, de janvier à octobre 2020, la températuremoyennemondiale a été supérieure d’environ 1,2 °C à celle de la période de référence 1850-1900, utilisée comme approximation des niveaux préindustriels. L’évaluation de l’OMM place actuellement 2020 au deuxième rang des années les plus chaudes enregistrées à ce jour, après 2016 et devant 2019. La différence entre lestrois annéesles plus chaudes est cependant faible et le classement établi par l’OMM pourrait changer une fois que des donnéesseront disponibles pour l’année entière. La chaleurla plusremarquable a été observée en Asie du Nord, en particulier dans l’Arctique sibérien, où lestempératures ont été supérieures de plus de 5 °C à la moyenne. C’est fin juin que la chaleursibérienne a été la plusforte.On a ainsi relevé 38,0 °C à Verkhoyansk le 20 de ce moisci, ce qui est provisoirement la température la plus élevée constatée au nord du cercle arctique. La saison des incendies correspondante a été la plus active de ces 18 dernières années, selon les estimations des émissions de CO2 résultant des incendies. A noter également que l’année 2020 a enregistré un nouveau record au niveau du réchauffement océanique et plus de 80% des océans ont subi une vague de chaleur lors de cette année.Cette situation a de gravesrépercussions sur les écosystèmes marins, qui souffrent déjà de l’acidification des eaux due à l’absorption du dioxyde de carbone (CO2). Selon, Petteri Taalas, secrétaire général de l’OMM, la température moyenne mondiale en 2020 devrait être supérieure d’environ 1,2 °C à sa valeur préindustrielle (période 1850-1900). Et il est fort probable qu’elle dépasse temporairement 1,5 °C d’ici 2024. «Les années de chaleur record ont généralement coïncidé avec un fort épisode El Niño (un phénomène climatique dont l'origine est assez mal connue. Contrairement à La Niña, ilse traduit par une hausse de la température à la surface de l'eau (10 mètres environ) de l'est de l'océan Pacifique, autour de l'équateur). La Niña a tendance à refroidir les températuresmondiales,maisl’anomalie apparue cette année n’a pas suffi à freiner le réchauffement. Malgré cette anomalie, on enregistre déjà cette année une chaleur quasirecord, comparable au précédent record de 2016», a déclaré M. Taalas. Et d’expliquer : « 2020 a malheureusement été une autre année extraordinaire pour notre climat. Nous avons relevé de nouvelles températures extrêmes sur terre, sur mer et surtout dans l’Arctique. Lesfeux de forêt ontravagé de vastes zones en Australie, en Sibérie, sur la côte ouest desEtats‑Unis et enAmérique du Sud. Leurs panaches de fumée se sont dispersés tout autour du globe. Nous avons enregistré un nombre record d’ouragans dansl’Atlantique, y compris, en novembre, des ouragans successifs de catégorie 4 d’une violence sans précédent en Amérique centrale. Les inondations dans certaines régions d’Afrique et d’Asie du Sud-Est ont entraîné des déplacementsmassifs de population et ont compromisla sécurité alimentaire demillions de personnes». L’année 2020 a été également marquée par la hausse du nombre de cyclonestropicaux dans le monde qui a été supérieur à la moyenne. Au 17 novembre, 96 cyclones ont été enregistrés pour la saison 2020 de l’hémisphère Nord et la saison 2019/20 de l’hémisphère Sud. L’Atlantique Nord a connu une saison exceptionnellement active, avec 30 cyclones tropicaux au 17 novembre, soit plus du double de la moyenne à long terme (1981-2010). La saison complète a battu le record établi en 2005. Au moment où la saison se termine normalement, deux ouragans de catégorie 4 onttouché terre enAmérique centrale en moins de deux semaines en novembre, provoquant des inondations dévastatrices et faisant de nombreuses victimes. Le cycloneAmphan, qui a touché terre le 20 mai près de la frontière entre l’Inde et le Bangladesh, a été le cyclone tropical le plus coûteux jamais enregistré dans le nord de l’océan Indien. L’Inde a ainsi fait état de pertes économiques avoisinant les 14milliards de dollars. Les évacuations à grande échelle des zones côtières en Inde et au Bangladesh ont permis de réduire le nombre de victimes par rapport aux cyclones précédents qu’a connus la région. En relation avec le déplacement des populations touchées par la progression du réchauffement climatique, le rapport de l’OMM a indiqué qu’environ 10 millions de déplacements, en grande partie dus à des risques et des catastrophes hydrométéorologiques, ont été enregistrés au cours du premier semestre de 2020, principalement en Asie du Sud et du Sud-Est et dansla corne de l’Afrique.En 2020, la pandémie deCovid-19 a ajouté une dimension supplémentaire aux préoccupations relatives à la mobilité humaine. Elle a égalementreprésenté un risque de plus lors des opérations d’évacuation, de rétablissement et de secours en lien avec des phénomènes à fort impact.Aux Philippines, par exemple, bien que plus de 180.000 personnes aient été évacuées de manière préventive avant le passage du cyclone tropical Vongfong (Ambo) à la mi-mai, il n’a pas été possible de déplacer les résidents en grand nombre ni de remplirles centres d’évacuation au-delà de la moitié de leur capacité à cause des mesures de distanciation sociale. La populationmondiale a dû égalementfaire face à un autre problème, à savoirla sous-alimentation. Selon les dernières données de la FAO, en 2019, près de 690 millions de personnes, soit 9 % de la population mondiale, ont été sous‑alimentées et environ 750 millions ont connu de graves problèmes d’insécurité alimentaire. Le nombre d’individus classés comme étant en situation de crise, d’urgence et de famine a augmenté pour atteindre près de 135 millions dans 55 pays. Selon toujoursla FAO et le PAM, plus de 50 millions de personnes ont été touchées à deux reprises en 2020, par des catastrophesliées au climat (inondations,sécheresses et tempêtes) et par la pandémie de Covid-19. Les pays d’Amérique centrale souffrent du triple impact des ouragans Eta et Iota, de la Covid-19 et de crises humanitaires préexistantes. Le gouvernement du Honduras a estimé que 53.000 hectares de terres agricoles, principalement dédiées au riz, aux haricots et à la canne à sucre, avaient été emportés. 


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