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Après plus d’un mois, le film est sorti le 14 février, il n’a pas manqué pour autant de susciter un débat, bien qu’il n’ait pas eu l’accueil qu’il mérite de la part de la critique. Dans une première remarque, il y a lieu de souligner que deux réalisateurs marocains prennent désormais plus de recul par rapport aux autres concurrents : Nabil Ayouch et Faouzi Bensaidi.
Razzia … un titre qui émerveille avant toute chose, grâce à sa sonorité quelque peu singulière et à sa sémantique ambiguë. Abstraction faite des explications du réalisateur, l’interprétation du lexème donne plutôt une approximation avec le mot arabe
« ghazoua » et l’on peut aller à un sens de « lutte » ou « acharnement » pour une cause quelconque .
Le film, lui est bien signé Nabil Ayouch, au sens propre et figuré. Une même démarche intellectuelle, mais un nouveau regard, une nouvelle manière de faire et une narration aussi complexe que fluide … Ayouch adopte d’emblée le principe d’hybridité des sujets narratifs, de telle manière que le public n’arrive plus à distinguer la trame narrative principale des récits secondaires. Il a cependant réussi à éviter le reproche de vouloir dire tout et rien à la fois, tellement son regard est global. Une même importance est accordée aux différents protagonistes qui semblent naviguer dans un seul océan, réceptacle de leurs endurances, leurs rêves et leurs aspirations. Que ce soit au niveau du temps d’apparition ou encore la qualité des plans réservés aux personnages, l’on s’est bien demandé si vraiment il y a un second rôle dans le film.
Nonobstant l’image où Myriam Touzani occupe les deux tiers de l’affiche du film et une absence injustifiée d’Amin Naji et Rachid Abdelilah notamment, il y a lieu d’évoquer en réalité une seule entité. Chaque personnage creuse désespéramment son chemin pour obtenir ses droits et libertés, tels des compétences et objets modaux, à même d’atteindre la performance essentielle: vivre ensemble la liberté confisquée ! Rien dans le film ne semble mettre la lumière sur cette piste collective qui mettrait plutôt toute une société en mouvement pour des lendemains meilleurs ! L’image, subjective et trop simpliste, de manifestants-casseurs et sans civisme aucun, semble plutôt incriminer tout mouvement vers la démocratie et verse, donc dans un négativisme sans fin.
A priori, l’on s’interroge, tout au long du film, sur l’existance d’une relation entre les différents rôles actanciels de l’histoire plurielle, le réalisateur tente, non sans réussite, d’y apporter des réponses à la faveur d’une technique de montage qui se veut percutante. Un parallélisme d’oppositions productrices de sens met aux prises des situations diverses qui relatent le Maroc d’après 2011, non sans une vision, trop personnalisée. L’identité, la condition féminine, la tolérance, les minorités et les libertés individuelles, la jeunesse, l’enseignement, les protestations sociopolitiques, le chômage, la haine… autant de sujets traités non sans présence parfois de stéréotypes très simplistes et largement répandus, notamment pour des regards qui ne semblent pas encore pris connaissance des véritables enjeux sociétaux.
Cependant, et mis à part le long flash-back du début avec un grand Amin Naji et Saadia Ladib, l’on ne peut ne pas reprocher une certaine lenteur, voire parfois un encombrement de séquences narratives à se concurrencer le primat d’une cause par rapport à une autre. La présence de nombreux acteurs de renom ayant prouvé leurs talents auparavant n’a pas été bien exploitée dans le film, notamment Younes Bouab et Abdellah Dinane voire Saadia Ladib ! Au moment où d’autres vedettes ont laissé plutôt une bonne impression telles que Dounia Benbine, Rachid Abdelilah et surtout Myriam Touzani dont les gros plans ont bien mis l’accent sur un personnage bien vécu, bien assumé, mais aussi un corps non encore approprié, davantage incriminé et surtout interpellateur !