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Rafles : Des centaines de migrants irréguliers refoulés de Nador et Tanger et débarqués à Tiznit


Hassan Bentaleb
Lundi 13 Août 2018

Alerte rouge chez les migrants irréguliers installés au Nord du Maroc. Ils font l’objet d’une vaste chasse à l’homme dans les forêts et quartiers de Nador, Tanger et Tétouan.  Entre 1.600 et 1.800 personnes ont été arrêtées et déplacées vers des villes de l’intérieur, selon une source officielle citée par l’AFP.  Pour les autorités marocaines, cette opération a pour but de « lutter contre les réseaux de trafic humain » et de « déplacer ces migrants dans des villes où les conditions de vie sont meilleures ». Pour les défenseurs des droits des migrants, il s’agit bien d’une traque sans merci.
« Les arrestations ont démarré mardi dernier vers 4h00 du matin. Les opérations ont mobilisé des centaines d’éléments des forces de l’ordre, en plus de cinquante véhicules et des hélicoptères.  Plus de 200 personnes ont été appréhendées dans la forêt  de Bolingo, nous a indiqué Aziz  Kattof, secrétaire général de l’AMDH-section Nador. Et de poursuivre : « Mais il n’y a pas que cette zone à avoir été la cible des forces de l’ordre. Certains quartiers de la ville, et c’est une première, ont également fait les frais de cette vaste opération de ratissage qui s’est soldée par l’arrestation de toutes les personnes étrangères dont la peau est noire (migrants réguliers et irréguliers, réfugiés, femmes, enfants…) ». 
Mais, il n’y a pas que Nador qui a été le théâtre d’une telle chasse à l’homme. Tanger  a enregistré plusieurs arrestations de migrants dans les quartiers  Mesnana et Prince.  « Plusieurs témoignages ont affirmé que les forces de l’ordre se sont violemment introduites à l’intérieur de maisons occupées par des migrants  en défonçant leurs portes avant d’en saisir l’argent et les biens des occupants», nous a précisé Aziz  Kattof qui estime que les opérations en cours sont une première depuis la chasse à l’homme de 2015. « Les ratissages et les arrestations sont monnaie courante dans la région mais, on n’a  jamais vu la mobilisation d’un tel arsenal sécuritaire. Je crois que les autorités  veulent faire passer un message, à savoir que Nador ne doit pas servir de point de passage vers l’Europe», a-t-il souligné.
Tétouan a été, elle aussi, secouée par la traque des migrants. Un communiqué de l’Association Mains solidaires a fait état de l’arrestation de plusieurs d’entre eux  jeudi dernier  sur les boulevards de la ville  et à l’intérieur des maisons.  Le communiqué parle de centaines d’arrestations qui ont  même concerné des migrants régularisés.
Hassan Ammari, défenseur des droits de l’Homme et militant d’Alarmphone Watch the Med pense, quant à lui, que les arrestations en cours s’inscrivent dans le contexte  des conclusions du Conseil européen tenu en juin dernier et des pressions européennes qui ont fait suite à l’augmentation du nombre de pateras en provenance de Nador qui ont accosté en Espagne. Certains médias européens ont accusé ouvertement le Maroc d’avoir volontairement laissé partir des migrants vers l’Espagne pour obtenir un meilleur accord de pêche avec l’UE. La chaîne Euronews, l’édition espagnole du Huffington Post et le journal El País  ont fortement relayé cette thèse selon laquelle le gouvernement marocain aurait, dès février 2017, proféré des menaces en brandissant de manière à peine voilée l’arme des «migrants». Or, avec l’accord signé le 24 juillet, le Royaume a obtenu pleine satisfaction.
« Le Maroc est donc obligé de réagir face aux critiques européennes. Les chiffres avancés sur les départs vers l’Europe à partir du Royaume le mettent dans une situation embarrassante», nous a-t-il déclaré.  Et d’ajouter : « C’est pourquoi l’on assiste depuis cinq jours à cette vaste opération de ratissage et d’arrestations à Nador et Tanger. Les migrants appréhendés sont refoulés vers Marrakech, Tiznit et Errachidia. Il y a trois semaines, près de 46 d’entre eux ont été déplacés vers Jérada», nous a-t-il expliqué  en précisant que ces opérations constituent une rupture avec les précédentes. «C’est la première fois qu’on assiste à un tel déploiement de force depuis 2011. Le rythme est monté d’un cran mais le pire, cette fois-ci, c’est que l’on s’attaque aussi aux associations et à leurs sièges », nous a-t-il affirmé. Et de conclure : « Cela remet en cause les efforts entrepris et les mesures prises dans le cadre de la nouvelle politique de l’immigration et de l’asile ».    
 


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