Au moins 14 soldats tunisiens ont été tués dans une attaque "terroriste" sur le mont Chaambi, près de la frontière avec l'Algérie, le bilan le plus lourd infligé à l'armée tunisienne, a indiqué le ministère de la Défense jeudi.
Cette attaque s'est produite mercredi soir, à l'heure de la rupture du jeûne du Ramadan, lorsque "deux groupes terroristes" ont ouvert le feu "à la mitrailleuse et aux RPG" sur deux points de surveillance de l'armée sur le mont Chaambi, selon le ministère. "Le bilan passe à 14 morts et 20 blessés parmi les soldats et risque de s'alourdir", selon le service de presse du ministère.
"Il s'agit du bilan le plus lourd à être enregistré par l'armée depuis l'indépendance" en 1956, a-t-on ajouté. Un précédent bilan faisait état de quatre soldats tués. Ces attaques interviennent presque un an jour pour jour après une embuscade tendue à des soldats, également pendant le Ramadan, sur le mont Chaambi, où l'armée traque depuis décembre 2012 un groupe armé qui serait lié à Al-Qaïda.
Huit soldats avaient été sauvagement tués -certains avaient été égorgés- le 29 juillet 2013 lors de cette attaque qui s'était produite quelques jours après l'assassinat du député de gauche Mohamed Brahmi à Tunis.
Ces violences avaient signé le début d'une crise politique de plusieurs mois, qui ne s'est apaisée qu'en janvier avec l'adoption d'une Constitution, trois ans après la révolution qui a renversé le régime autoritaire de Zine El Abidine Ben Ali, et le départ du gouvernement mené par les islamistes d'Ennahda, remplacé par une équipe de technocrates.
Le pays fait face depuis la révolution de 2011 à l'essor de groupes jihadistes. Mi-juin, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué pour la première fois des attaques en Tunisie, notamment un assaut contre le domicile du ministre de l'Intérieur qui avait fait quatre morts parmi les forces de l'ordre fin mai.
AFP
Depuis le début de l'année, le pouvoir se veut cependant rassurant, soulignant avoir obtenu des succès en tuant notamment certains des principaux suspects des assassinats en 2013 des opposants Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi et assurant avoir repris la main dans la lutte contre les groupes armés. Les autorités reconnaissent toutefois que cette lutte va "prendre du temps". Malgré des bombardements à répétition à Chaambi, déclaré "zone militaire fermée", les forces de l'ordre n'ont pas réussi à neutraliser le groupe qui a miné le massif montagneux pour ralentir l'avancée des troupes.