Quand l’échec social devient la norme de l’action publique


Mohamed Assouali
Vendredi 26 Décembre 2025

Quand l’échec social devient la norme de l’action publique
Inflation durable, pouvoir d’achat laminé, services publics en recul et chômage des jeunes à des niveaux critiques : derrière le discours officiel de la « compétence » et de la « performance », la réalité sociale impose un constat sévère. Ce qui est présenté comme une gestion rationnelle apparaît, dans les faits, comme un modèle qui banalise la cherté de la vie, tolère la rente et répercute le coût des crises sur les citoyens. A l’approche des échéances électorales de 2026, la question qui mérite réflexion est celle de définir la responsabilité politique de l'actuel gouvernement qui a préféré communiquer plutôt que d'agir et d'en tirer les conclusions qui s'imposent.
 
Une gouvernance en rupture avec le vécu social
 
Il n’est plus possible de minimiser la profondeur de la crise sociale que traverse le pays. La hausse continue des prix, l’affaiblissement des revenus réels et la dégradation des services publics ne relèvent pas d’un simple cycle conjoncturel : ils constituent désormais le cadre ordinaire de la vie quotidienne de millions de Marocains.
Peut-on sérieusement parler de réussite lorsque se soigner devient un parcours semé d’embûches, lorsque l’école publique n’assure plus son rôle d’ascenseur social, lorsque la jeunesse s’enferme dans le chômageou la précarité, et lorsque la classe moyenne recule année après année ?
Peut-on sérieusement parler de réussite lorsque se soigner devient un parcours semé d’embûches, lorsque l’école publique n’assure plus son rôle d’ascenseur social, lorsque la jeunesse s’enferme dans le chômage ou la précarité, et lorsque la classe moyenne recule année après année ? La distance entre le discours officiel et la réalité sociale n’est plus un malentendu : c’est une fracture politique.
 
Le mythe de la compétence face à l’épreuve du réel
 
Dès son installation, le gouvernement a revendiqué une gouvernance fondée sur la compétence et la gestion, opposée à ce qu’il qualifiait d’idéologie. Cette promesse impliquait un engagement clair : produire des résultats mesurables, améliorer les conditions de vie et restaurer la confiance.
Au Maroc, la hausse des prix des produits de base, la persistance de marges élevées dans des secteurs stratégiques comme les carburants et la stagnation des salaires traduisent une réalité simple : l’Etat a choisi de ne pas intervenir efficacement pour protéger le consommateur
Or, le bilan réel révèle une autre trajectoire. Les politiques sociales ont été retardées, fragmentées ou vidées de leur portée redistributive. Les arbitrages ont systématiquement privilégié les équilibres macroéconomiques et la stabilité budgétaire, pendant que l’urgence sociale était reléguée au second plan. Quant aux opérations de communication, elles ont surtout prouvé l’incapacité du discours gouvernemental à masquer la dureté du terrain.
Quand la réalité contredit durablement la narration officielle, ce n’est plus une difficulté de contexte : c’est l’échec d’un choix politique.
 
Cherté de la vie : Une responsabilité politique directe
 
La flambée des prix est trop souvent justifiée par les crises internationales. Cet argument, à lui seul, ne résiste pas à l’analyse. Car si les chocs externes existent, leur impact social dépend avant tout des mécanismes internes de régulation et de protection.
Au Maroc, la hausse des prix des produits de base, la persistance de marges élevées dans des secteurs stratégiques comme les carburants et la stagnation des salaires traduisent une réalité simple : l’Etat a choisi de ne pas intervenir efficacement pour protéger le consommateur. Les outils de régulation existent, mais leur inaction révèle une tolérance assumée à l’égard des situations de rente et des profits excessifs.

Le résultat est sans appel :

– perte accélérée du pouvoir d’achat,
– contraction de la consommation intérieure,
– fragilisation profonde de la classe moyenne,
–  et extension de la précarité.
 
L’Etat social réduit à un slogan
 
La généralisation de la protection sociale, souvent présentée comme une avancée majeure, reste largement incomplète dans ses effets réels.
Dans la santé, le citoyen continue de payer de sa poche, faute d’un hôpital public renforcé en ressources humaines et en équipements.
Dans l’éducation, l’école publique s’enlise, pendant que le privé devient la seule alternative pour ceux qui en ont les moyens.

Dans l’emploi, la croissance enregistrée ne crée pas suffisamment de postes décents, laissant une grande partie de la jeunesse en marge.
Ici encore, le problème n’est pas l’absence de réformes annoncées, mais l’absence de volonté politique de les inscrire dans une logique de justice sociale réelle.
 
PME étouffées, dette en hausse, confiance brisée
 
Les petites et moyennes entreprises, pilier de l’économie nationale, subissent un environnement hostile : accès limité au financement, retards de paiement structurels et pression fiscale mal adaptée. Dans le même temps, la dette publique continue d’augmenter sans amélioration tangible de la qualité des services publics ni impact social significatif.
Ce déséquilibre alimente une crise de confiance profonde : lorsque l’effort fiscal ne produit pas de résultats visibles et que l’alternance semble sans effet, c’est la crédibilité même de l’action publique qui est remise en cause.
 
2026 : La sanction démocratique et l’exigence d’un autre cap
 
Dans ce contexte, le vote sanction n’est ni un geste de colère ni un réflexe protestataire. Il constitue un acte démocratique pleinement légitime face à une majorité gouvernementale qui a échoué à contenir la cherté de la vie, à protéger les services publics et à garantir un minimum de justice sociale.
C’est sur ce terrain que l’USFP inscrit son combat : rompre avec un modèle qui a banalisé l’injustice sociale et restaurer une politique au service des citoyens, et non des rentes
Mais sanctionner ne suffit pas. La responsabilité historique est désormais de construire une alternative politique claire : un Etat régulateur assumé, une fiscalité progressive, un investissement public orienté vers l’emploi productif et une action publique qui place la dignité sociale au cœur de ses priorités.

C’est sur ce terrain que l’Union socialiste des forces populaires inscrit son combat : rompre avec un modèle qui a banalisé l’injustice sociale et restaurer une politique au service des citoyens, et non des rentes.

En 2026, l’enjeu ne sera pas de choisir entre des discours, mais entre la prolongation d’un échec social et l’ouverture d’un véritable horizon de justice, de responsabilité et de dignité.

Par Mohamed Assouali
Membre du Bureau politique de L’USFP


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