La récente révision de la Constitution, qui a consacré l'amazigh en tant que langue officielle au même titre que l'arabe, fait du Maroc ''le premier pays d'Afrique du Nord à reconnaître officiellement l'égalité des droits de ses différentes composantes ethniques et linguistiques'', a affirmé Azul Ramirez, professeur à l'Ecole d'anthropologie et d'histoire (ENAH) au Mexique.
Dans ce même contexte, Ramirez a rappelé la création en 2001 de l'Institut Royal de la culture amazighe (IRCAM), en réponse à l'une des demandes principales du mouvement culturel amazigh, qui avait défini dans la fameuse ''Charte d'Agadir'' les principaux axes de ses revendications.
Ces revendications portaient essentiellement sur la reconnaissance officielle de la langue amazighe, la création d'un centre des études amazighes et l'introduction de l'enseignement de cette langue dans le système éducatif et dans les mass-médias.
Toutefois, a souligné la panéliste, certains militants du mouvement culturel amazigh déplorent que l'IRCAM ''n'ait pas atteint les résultats escomptés'' et que beaucoup reste à faire pour promouvoir réellement la culture et la langue amazighes.
Azul Ramirez a séjourné, au cours des dernières années, de façon intermittente au Maroc, pour les besoins d'une thèse de doctorat qu'elle prépare sur les saints patrons du Rif central.
Pour sa part, Cynthia Hernandez Gonzalez, doctorante à l'ENAH, a relevé que depuis 1999, ''date de l'accession au trône du Roi Mohammed VI, le discours officiel avait commencé à reconnaître la diversité linguistique'' dans le pays.
Cynthia Hernandez a rappelé que la mise en place de l'IRCAM a permis de standardiser le système d'écriture de la langue amazighe et d'encourager les recherches sur le patrimoine identitaire des Amazighs.
De même, a-t-elle ajouté, ont vu le jour des publications en amazigh et des programmes de radio et de télévision élaborés dans la même langue. Les participants à cette journée d'études ont eu également droit à une lecture de fragments de poésie amazighe, donnée par Ouajd Karkar, un rifain qui enseigne le tamazight à l'ENAH.
D'autres panélistes ont présenté les résultats d'une étude phonétique de la langue amazighe rifaine et évoqué les difficultés rencontrées par des spécialistes pour la classification de l'amazigh dans la famille des langues afro-asiatiques.
Un des intervenants a tenté de rapprocher le public des coutumes maritales chez les Touareg, alors qu'un autre a centré sa présentation sur les significations et la portée historique des gravures rupestres trouvées dans des cavernes du massif de Tassili, dans le sud-est d'Algérie.