
Le président français et la chancelière allemande ont ainsi averti la Grèce qu’une sixième tranche de l’aide européenne qui devait être versée à la mi-décembre ne le serait qu’après qu’Athènes aura adopté l’ensemble du «paquet du 27 octobre» et que toute incertitude sur l’issue du référendum sera levée - autrement dit s’il se traduit par un vote positif. Ils ont insisté pour que le référendum ait lieu d’ici début décembre, pour ne pas laisser la zone euro et les marchés financiers dans une incertitude prolongée. Ils ont appelé de leurs vœux un consensus de toutes les forces politiques en Grèce et estimé que la seule question qui devait être posée était de savoir si les Grecs voulaient ou non rester dans la zone euro. «Il est clair que la question qui se trouve posée c’est celle de l’avenir européen de la Grèce : la Grèce veut-elle ou non rester dans la zone euro», a déclaré Nicolas Sarkozy. «Nous, nous le souhaitons très vivement et nous ferons tous nos efforts pour que cela soit possible mais c’est au peuple grec qu’il appartient de répondre (...) et c’est sur cette question qu’il devrait se prononcer», a-t-il ajouté.
Selon Angela Merkel, le Premier ministre grec a marqué son plein accord avec cette vision des choses. George Papandreou a promis d’organiser cette consultation le 4 décembre, avant l’échéance de mi-décembre, et non au début de l’année prochaine comme annoncé initialement. Le Premier ministre grec a déclaré à la presse qu’il était trop tôt pour dire qu’elle serait la question posée, pour ajouter toutefois : «Mais par essence, ce n’est pas seulement une question de programme, c’est la question de savoir si nous voulons rester dans la zone euro». Il a dit vouloir consulter les dirigeants de tous les partis de son pays dès son retour à Athènes et s’est dit confiant dans l’issue du référendum. «Je crois que le peuple grec est sage et qu’il est capable de prendre les bonnes décisions», a-t-il dit. «Je crois que le peuple grec veut que la Grèce reste dans la zone euro (...) Je veux dire que nous aurons un ‘oui’.»
Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont pour leur part dit vouloir accélérer la réponse à la crise de la dette grecque, qui menace de faire tache d’huile dans la zone euro. Ils ont en revanche renoncé à demander un vote du Parlement grec sur le plan du 27 octobre, compte tenu de la fragilité de la majorité de George Papandreou et de la relative proximité du référendum tel que promis par le Premier ministre grec. «Nous n’avons aucune instruction à donner. Le peuple grec est un peuple indépendant (...) et nous le laissons libre de sa décision», a conclu Nicolas Sarkozy. «Mais nous sommes comptables de la stabilité de la zone euro, de la solidarité en Europe et des règles dont nous nous sommes dotés.»
Alors que la question d’une sortie de la Grèce de l’euro n’est plus taboue, les soubresauts de la crise grecque ont bouleversé l’ordonnancement du sommet du G20, dont Nicolas Sarkozy voulait faire un temps fort de la fin de son mandat. Ainsi, la première session de travail du sommet, qui devait porter sur un plan d’action pour la croissance et la réforme du système monétaire international, devait être consacrée jeudi à la Grèce et la zone euro, a fait savoir l’Elysée. Nicolas Sarkozy aura auparavant réuni dans la matinée les représentants des pays de la zone euro membres de ce forum - France, Allemagne, Italie, Espagne - et des institutions européennes, pour parler de la crise grecque et de ses suites.