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Projet de budget 2012 : opportunité d’un débat de fond


ADNAN DEBBARH
Lundi 12 Septembre 2011

La discussion du projet de budget au Parlement est toujours un grand moment de démocratie où l’occasion est donnée   aux élus du peuple de  débattre et amender, si nécessaire, les orientations économiques et sociales du gouvernement.
Les pouvoirs exécutif et législatif qui ont vu leurs attributions renforcées dans la nouvelle Constitution auront là une occasion pour confirmer leur aptitude à remplir pleinement le rôle qui leur a été dévolu. Le gouvernement est appelé à présenter un budget de meilleure facture qui devra être enrichi des propositions émanant du Parlement.
 Le fait que pour cette année le budget sera appliqué par un Exécutif  issu de nouvelles élections  et que  la plupart des parlementaires de la première Chambre seront occupés à assurer leur réélection, ne doit   nullement justifier un travail approximatif de la part du gouvernement actuel  ni une approbation de la loi de Finances à la va-vite de la part du Parlement. 
Pour rappel, la préparation du budget au niveau du gouvernement passe d’abord par l’envoi du chef de gouvernement d’une lettre de cadrage aux ministres dans laquelle il trace les grandes orientations de politique économique en donnant quelques objectifs chiffrés.  
A la lecture des recommandations, la lettre de cadrage portant sur le budget 2012 a pris  acte de certains  problèmes de fond qui se posent aux finances publiques et à l’économie tout en proposant quelques  remèdes. 
Les problèmes de fond sont connus :
- Incapacité de l’économie à générer suffisamment d’emplois pour résorber le chômage et répondre à une multitude de demandes qui iront crescendo jusqu'à 2016.
- Absence totale ou partielle de protection sociale pour plus de la moitié des Marocains. La pauvreté, malgré les efforts fournis, recule très lentement.
- La croissance positive de ces dernières années n’a pas réduit les disparités sociales, posant sérieusement la question du modèle de répartition des richesses. Les mêmes déséquilibres se retrouvent  dans la répartition des richesses entre les régions.
- Faible compétitivité de notre économie qui achète à l’étranger plus de biens qu’elle ne lui vend, rendant le déficit commercial de plus en plus problématique.
- Les dérapages budgétaires de cette année remettent en cause les acquis, chèrement payés, de la préservation des équilibres macro-économiques.
Les remèdes suggérés par la lettre ne sortent guère de l’ordinaire et dénotent, quelque part, un refus de prendre en compte la complexité de la situation économique et sociale.
La dénonciation du caractère ostentatoire de certaines dépenses publiques, sans les identifier ni les chiffrer pour connaître leur incidence, prend une tournure populiste.
 La lettre affirme que la création d’emplois est liée au maintien de l’investissement public, c’est vrai ; encore faut-il préciser quels sont les investissements qui créent le plus d’emplois.
La limite de 3%  du PIB dans laquelle doit être contenu l’effort de compensation, au lieu des 5.5% actuels, exige des solutions de répartition alternatives audacieuses et maîtrisables techniquement.
- Le déficit budgétaire que laisse le gouvernement actuel va certainement se répercuter sur l’avenir et le déficit prévisionnel de 4% prévu  pour 2012 est en soi trop élevé au vu d’un hypothétique recours à l’endettement.
- Le taux de croissance espéré de 5% n’est réalisable que sous certaines conditions climatiques, une croissance économique  de nos principaux partenaires plus forte et un prix des matières premières à l’import pas très élevé. Ce qui au vu de l’évolution internationale est relativement optimiste.
La nouvelle vision dont le Maroc a besoin pour se hisser au niveau des pays à forte croissance n’est pas visible dans  la lettre du chef de gouvernement, nous avons eu droit plutôt à des réponses classiques.
 Faut-il reprocher au chef de gouvernement  l’absence dans sa lettre de réponses pertinentes aux problèmes que vit le pays ?  Nos politiques ont pris l’habitude de déléguer la mission d’élaborer le budget aux technocrates, avec pour résultat un document intemporel où l’empreinte politique est absente. Auparavant c’était à la limite concevable, mais de nos jours, où l’Exécutif doit être porteur d’un projet politique, cela n’est plus acceptable.
 La politique budgétaire, composante essentielle de toute politique économique, doit traduire de manière claire les options de tout gouvernement et sa capacité à sortir le pays de la crise économique. Crise économique qui est là, sans oser dire son nom.


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