Projection aujourd’hui du premier long métrage de la réalisatrice : Leila Kilani “Sur la planche” cannoise


ALAIN BOUITHY
Jeudi 19 Mai 2011

Projection aujourd’hui du premier long métrage de la réalisatrice : Leila Kilani “Sur la planche” cannoise
De la fiction marocaine à Cannes. Le prestigieux et célèbre Festival international du cinéma, qui se tient jusqu’au 22 mai courant, projette aujourd’hui «Sur les planches», une production marocaine signée Leila Kilani.
Premier long métrage de la réalisatrice  native  de Casablanca, ce film sera présenté dans le cadre de la 43ème Quinzaine des réalisateurs, une section parallèle au Festival de Cannes, dont la vocation est de faire « découvrir les films de jeunes auteurs et de saluer les œuvres de réalisateurs reconnus », peut-on lire dans son site.
«Sur les planches »  concourt aux côtés de 24 autres films sélectionnés dans le cadre de cette compétition, initiée par la Société des réalisateurs de films (SRF), et ouverte à toutes les formes de création cinématographique (longs et courts métrages de fiction et des documentaires).
Au cœur de cette fiction inspirée d’un fait divers, l’histoire de quatre jeunes femmes de vingt ans d’une usine de crevettes et de textiles à Tanger dans une ambiance où s’entremêlent  conflits et espoirs.
Badia, Imane, Asma et Nawal « travaillent pour survivre le jour et vivre la nuit. Réparties en deux groupes (les textiles et les crevettes), ces ouvrières n’ont qu’une obsession: bouger. Du soir à l’aube, la cadence est effrénée ; elles traversent la ville. Temps, espace et sommeil sont rares. Petites bricoleuses de l’urgence qui travaillent les hommes et les maisons vides… »,
«J’ai écrit le film à partir d’un fait divers. En 2005, je m’amusais à lire la presse à scandale marocaine. On parlait d’un nouveau trend : la féminisation de la criminalité. Une bande de quatre filles, un peu ouvrières, mais ce n’était pas tout à fait clair, repéraient des mecs dans les cafés et les dévalisaient. Il y avait eu un meurtre», se souvient la réalisatrice. Et d’ajouter que c’est « à partir de cette matière, (que) j’ai écrit un projet, et puis j’ai proposé à Hafed Benotman, un écrivain de roman noir… qui a aussi à son actif d’avoir braqué quelques banques, d’écrire avec moi. Le film noir n’était pas un choix de ma part mais une évidence ».
Portée par les comédiennes Soufia Issami (Badia), Mouna Bahmad (Imane), Nouzha Akel (Nawal) et Sara Betioui (Asma), la trame de ce film se déroule à Tanger. Ville que connaît bien Leila Kilani pour y avoir déjà tourné son premier documentaire (2001) sur «les brûleurs», les immigrés clandestins qui tentent de traverser la Méditerranée.
C’est justement lors de cette première aventure documentaire que la réalisatrice découvre des armées d’ouvrières engorgeant la ville de Tanger dans un va-et-vient quotidien. « Ces filles pour moi sont un emblème de la transformation du Maroc, mais aussi d’une transformation plus vaste, qui a lieu partout. Ce sont des filles jeunes, qui arrivent, qui changent la ville. La manière qu’elles ont d’affirmer leur identité individuelle est totalement nouvelle, pas du tout idéologique », raconte la cinéaste. Et de souligner : « Ce flot d’humains qui vient buter sur cette ville. Elles arrivent sans leur famille avec un élan et une vitalité incroyables. Elles sont dans un bricolage très intuitif et très intelligent de leur survie, dans une liberté de fait, pas du tout revendiquée. Aux yeux des autres, leurs actes peuvent apparaître contradictoires, mais pour elles tout se tient: la survie doit se faire dans la jouissance ».
Leila Kilani, qui compte à son actif deux productions documentaires : «Tanger le rêve des brûleurs» et «Nos lieux interdits», vit entre Paris et Tanger.


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