
Il a dans le même temps accusé les nouvelles autorités égyptiennes d’avoir «délibérément refusé de coopérer avec l’accusation» pour déterminer la responsabilité de l’ancien président, qui a toujours plaidé non coupable. Ces accusés ont clairement autorisé l’usage de munitions réelles dans la répression des 18 jours de ce soulèvement, a ajouté le procureur, précisant que la décision d’ouvrir le feu à balles réelles a été prise le 27 janvier 2011, à la veille de la journée la plus violente de cette révolte, le «vendredi de la colère» 28 janvier. Il a également relevé que la police a disparu mystérieusement des rues avec l’objectif de «tuer assez de manifestants pour inciter les autres à se disperser».
Habib Adli, a expliqué le procureur général, a ordonné de tirer sur les manifestants sur instructions de Moubarak, qui était «parfaitement» informé par ses conseillers et services de renseignements de la situation dans le pays, où les manifestations avaient débuté le 25 janvier.
L’ancien président, en définitive, ne peut «pas affirmer qu’il ne savait pas ce qui se passait». Il est «légalement et politiquement responsable de ce qui est arrivé. Il est illogique, irrationnel de penser qu’il ne savait pas que des manifestants étaient visés», a estimé le procureur général. Moubarak «savait parfaitement ce qui se passait, mais n’a rien fait», a-t-il insisté.
Agé de 83 ans, l’ancien président égyptien, qui assiste à ces audiences sur une civière, et ses fils, avaient plaidé non coupables des charges retenues contre eux. Parmi les chefs d’accusation retenus contre Hosni Moubarak figurent ceux d’»homicides volontaires et de tentative de meurtre de manifestants» ainsi que ceux d’abus d’influence, dilapidation délibérée de fonds publics et d’enrichissement privé illicite.
D’après une commission d’enquête gouvernementale, 850 personnes ont été tuées et 6.476 autres blessées lors de ces manifestations.
Dans un rapport, la commission a fait état d’un «usage excessif de la force par les services de sécurité» contre les manifestations en ouvrant le feu à balles réelles, en postant des tireurs sur les toits et utilisant des véhicules pour faucher les protestants.
Le rapport a également accusé un certain nombre de membres de l’ancien parti au pouvoir (PND) et du Parlement d’implication dans des violences meurtrières contre les manifestations. Il précise que la plupart des morts ont été atteints à la tête et à la poitrine, ce qui indique que le régime a eu recours à des snipers.