
Bien qu’arrivé en tête lors de ce premier tour qui a mobilisé plus de 2,5 millions d’électeurs de gauche, François Hollande donne l’impression d’être fragilisé par cette avance moins confortable que prévu. L’ex-patron du PS pense toujours gagner le 16 octobre, mais «pas avec une marge très grande», a-t-il admis lundi matin en appelant au rassemblement le plus large autour de lui. De son côté, la maire de Lille (nord) croit en sa dynamique. «Au second tour, je porterai le changement de fond. Et sur cette base (...) je battrai M. Sarkozy en 2012», a-t-elle déclaré. L’issue incertaine du second tour donne un poids déterminant aux électeurs du troisième homme, Arnaud Montebourg, qui a créé la surprise avec 16,64% des voix. Son discours axé sur la démondialisation, le protectionnisme européen, le contrôle des banques et la rénovation politique a séduit de nombreux électeurs situés à la gauche du Parti socialiste.
Arnaud Montebourg, qui avait mis sur le même plan Martine Aubry et François Hollande pendant sa campagne, devait donner son avis pour le second tour lundi soir. A priori, ses électeurs devraient davantage se reporter sur Martine Aubry, à l’identité sociale plus affirmée et qui veut «une gauche forte pour sortir la France de la crise«. François Hollande, qui souhaite incarner la rigueur de gauche et a voulu se placer au-dessus du débat dans une posture déjà présidentielle, va devoir donner des gages à gauche sans toutefois trop se «gauchir«. Pour le politologue Frédéric Dabi, «les positions de +démondialisation+ sont relativement éloignées de sa posture social-démocrate. L’écueil à éviter, c’est de créer une sorte de cassure entre un François Hollande du premier tour et un François Hollande qui +fragmenterait+ trop au deuxième tour». Les soutiens des deux finalistes ont multiplié les appels du pied lundi matin aux électeurs d’Arnaud Montebourg. Pour Laurent Fabius, soutien de Mme Aubry, la «ligne» défendue par la maire de Lille est «tout à fait compatible avec les principales thématiques d’Arnaud Montebourg, la lutte contre les délocalisations, une Europe offensive et défensive...». «Il s’agit d’entendre ce qu’Arnaud Montebourg a vraiment porté: une exigence républicaine, de renouvellement en politique et une réorientation de la construction européenne», a lancé de son côté le coordonnateur de campagne de François Hollande, Pierre Moscovici. La championne socialiste de 2007 Ségolène Royal, tombée de haut (6,79%), a aussi promis de se déterminer lundi après cette amère défaite qui lui a tiré des larmes. Seul Manuel Valls (5,68%), qui occupait l’aile droite du PS, a appelé dès dimanche ses partisans à se reporter sur François Hollande.
Les deux finalistes vont débattre mercredi soir à la télévision dans un duel qui risque de se durcir alors que pour l’instant les socialistes ont réussi à éviter le piège de la division, comme l’espérait la droite. La plupart des éditorialistes de la presse quotidienne pronostiquent, lundi, «un second tour de tous les dangers» après le succès de la mobilisation du premier tour. Car, du climat de l’entre deux tours, dépendra aussi le succès de la primaire et le rassemblement autour du vainqueur, surtout si les électeurs de gauche se mobilisent à nouveau en masse dimanche prochain.