
"Je ne serai pas poli cette fois-ci", a mis en garde la semaine dernière Joe Biden en évoquant l'élue de Californie, qui ambitionne de devenir la première présidente des Etats-Unis.
"Je pensais que nous étions des amis, j'espère que nous le resterons", a-t-il ensuite lancé, rappelant que les deux démocrates avaient "beaucoup travaillé ensemble" dans le passé.
Lors du premier débat, à Miami, Joe Biden avait notamment été mis en difficulté lorsqu'elle l'avait interrogé sur sa stratégie pour battre Donald Trump et sur ses positions passées face à la ségrégation raciale, un sujet de société ultra-sensible auprès de l'électorat noir, au sein duquel il bénéficie d'une forte popularité.
Sa prestation terne lui avait fait perdre quelques points dans les sondages, mais il reste un confortable favori, avec 29,3% d'intentions de vote, selon le site RealClearPolitics, qui fait une moyenne des différentes enquêtes.
La cote de Kamala Harris avait pour sa part grimpé après la passe d'armes de Miami, avant de redescendre à 11,8%.
Joe Biden distance largement le sénateur indépendant du Vermont et "socialiste" autoproclamé Bernie Sanders (15%) et la sénatrice progressiste Elizabeth Warren (14,5%). Encore plus loin, le jeune maire de South Bend (Indiana) Pete Buttigieg pointe à 5%, alors que les autres candidats sont à moins de 3%.
Pour eux, il sera essentiel de faire une bonne impression pour avoir une chance de participer à la prochaine série de débats programmée à la mi-septembre, où les règles de participation seront plus sévères.
Comme à Miami, les échanges seront divisés cette semaine en deux soirées, mardi et mercredi, pour assurer un temps de parole minimum aux vingt candidats en lice.
La première manche, mardi, mettra aux prises les dirigeants de l'aile progressiste du parti, Elizabeth Warren et Bernie Sanders, dont les programmes sont très proches sur le climat, la santé, l'éducation ou l'immigration.
Ils seront aux côtés de huit autres prétendants, dont Pete Buttigieg.
Le jeune maire de 37 ans a connu une ascension fulgurante depuis son entrée en piste fin janvier alors qu'il était inconnu du grand public. Premier candidat de poids à la Maison Blanche à se déclarer homosexuel, il est toutefois en difficulté depuis la mort d'un Noir, abattu mi-juin par un policier blanc dans sa ville.
Le lendemain, Joe Biden et Kamala Harris seront au centre de l'attention, accompagnés notamment de Cory Booker. Le sénateur du New Jersey, qui peine à percer, a récemment qualifié M. Biden d'"architecte de l'incarcération de masse" pour avoir préparé une loi ayant rempli les prisons de détenus noirs à la fin des années 90.
A Detroit, les candidats devraient évoquer les dernières déclarations de Donald Trump, qui s'est violemment pris ce week-end à un élu démocrate noir du Maryland et à sa circonscription de Baltimore "dégoûtante et infestée de rats".
"Il est important pour nous d'appeler cela pour ce que c'est, du racisme", a lancé dimanche l'aspirant hispanique à la Maison Blanche Julian Castro.
Joe Biden fait la course en tête des sondages depuis qu'il s'est lancé, malgré les piques de Donald Trump et d'autres candidats sur son âge --76 ans-- et sa capacité à tenir la cadence épuisante de la primaire, puis de la campagne présidentielle.
Pour faire taire les sceptiques, il a assuré qu'il défierait le milliardaire républicain de 73 ans, qui le surnomme "Joe Dodo", à une séance de pompes.
Selon RealClearPolitics, le président perdrait face à Joe Biden ou Bernie Sanders dans les urnes le 3 novembre 2020, alors qu'il s'imposerait de peu face à Elizabeth Warren ou Kamala Harris.
La course a perdu l'un de ses prétendants. Eric Swalwell, élu de la Chambre des représentants âgé de 38 ans, a jeté l'éponge début juillet. A Miami, il avait fait sensation en appelant M. Biden à "passer le témoin" aux plus jeunes.
Le premier vote de la primaire démocrate aura lieu dans le petit Etat de l'Iowa, le 3 février 2020.