
Sur le terrain pourtant, les forces massivement déployées dans certaines localités, menaient des opérations notamment à Homs (centre), Deraa (sud) et Deir Ezzor (est), tuant trois civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Face à la poursuite des violences, qui ont fait plus de 50 morts le jour de la date butoir pour l’entrée en vigueur du plan Annan, l’ambassadeur américain Susan Rice, dont le pays préside le Conseil de sécurité de l’ONU en avril, a laissé entendre qu’»une action collective» devait «logiquement» suivre pour accentuer la pression sur Damas, estimant que «l’heure de vérité» approchait.
Le chef de la diplomatie britannique William Hague a suggéré de «porter l’affaire devant la Cour pénale internationale» (CPI) afin que les dirigeants syriens répondent de leurs exactions, tandis que le Français Alain Juppé a préconisé de prendre, après jeudi, de «nouvelles mesures» pour imposer la fin des violences.
Mme Rice a rappelé à Moscou et Pékin qu’ils «ont une responsabilité particulière d’user de leur influence pour mettre fin aux massacres».
Pékin et Moscou —deux alliés de poids du régime qui ont bloqué à deux reprises des résolutions du Conseil de sécurité condamnant la répression— ont appelé Damas à appliquer rapidement le plan Annan, la Chine se disant «profondément inquiète».
A moins de 24 heures du cessez-le-feu total prévu par son plan, M. Annan a qualifié de «désastreuse» toute militarisation de la crise, en réponse à une question sur la position du Qatar et de l’Arabie Saoudite qui prônent l’armement des rebelles, contrairement à la majorité de la communauté internationale.
Après avoir accusé mardi Damas de ne pas retirer ses chars mais de les déplacer pour de nouvelles offensives et reproché au régime de n’avoir envoyé «aucun signe de paix», l’émissaire a vu de nouvelles raisons d’espérer.
«Si tout le monde respecte (le cessez-le-feu), je pense qu’à partir de 06h00 heures (03H00 GMT) jeudi 12 avril, nous devrions voir une nette amélioration de la situation sur le terrain», a déclaré M. Annan à Téhéran, grand allié de Damas.
Damas avait accepté le plan Annan avant de réclamer à l’émissaire des garanties des rebelles sur l’arrêt de leurs opérations.
M. Annan a indiqué mercredi que le régime du président Bachar al-Assad avait donné «des clarifications supplémentaires» sur ce qu’il attend de l’opposition: «Des assurances sur le fait que les forces de l’opposition arrêteront elles aussi les combats pour permettre une cessation de toutes les violences».
De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi s’est dit «hostile aux interventions étrangères dans les affaires de n’importe quel pays», estimant que «tout changement devra se faire sous le gouvernement syrien» actuel.
La crise en Syrie, que la communauté internationale a été jusqu’à présent incapable de résoudre après plus d’un an de violences, devrait être au menu des discussions du G8, réuni mercredi à Washington.
Plusieurs membres du G8 ont déjà dénoncé les louvoiements du régime syrien, qui tente de gagner du temps pour écraser la rébellion, alors que les violences ont fait, selon l’OSDH, plus de 10.000 morts en Syrie depuis le début de la révolte populaire le 15 mars 2011.
A la frontière turque, des tirs des forces syriennes ont atteint dans la nuit de mardi à mercredi un camp de réfugiés, pour la deuxième fois en trois jours, ont rapporté les médias turcs.
Ces tirs n’ont pas fait de victimes, alors que six personnes, dont deux Turcs, avaient été blessées lundi, provoquant une escalade verbale entre les deux voisins, autrefois alliés.