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Outre Lashkar Gah, Kandahar et Hérat - deuxième et troisième villes du pays - sont depuis quelques jours sous la menace directe des talibans qui affrontent les forces afghanes dans leurs faubourgs.
Dans un discours au Parlement, le président afghan Ashraf Ghani a attribué lundi la dégradation de la situation militaire à la "brusque" décision des Etats-Unis de retirer les troupes internationales du pays.
Censée s'achever d'ici le 31 août, l'opération de retrait des forces étrangères, présentes depuis 20 ans dans le pays, est désormais quasiment terminée.
M. Ghani a affirmé avoir élaboré un plan sur six mois pour briser l'élan des talibans, mais n'a pas voulu en dévoiler les détails. Un porte-parole des insurgés, Zabihullah Mujahid, a qualifié les propos de M. Ghani d'"absurdités".
Le gouvernement a annoncé lundi le déploiement de centaines de membres d'unités commando à Lashkar Gah.
Dans la nuit, les talibans y ont mené une "attaque coordonnée" sur la prison, mais ont été repoussés par "une contre-offensive des forces afghanes au sol et des frappes aériennes", a indiqué l'armée afghane.
"Puisse Dieu ne plus apporter à nouveau autant de chagrin dans nos vie", a déclaré à l'AFP Hawa Malalai, une habitante de Lashkar Gah. "Il y a des combats, des coupures d'électricité (...) les réseaux de télécommunications sont hors service, il n'y a plus de médicaments, les pharmacies et centres de santé sont fermés".
"Nos maisons ont été frappées par des balles. Mon père, paralysé, a dû rester allongé toute la journée. Ma soeur a été brûlée lors des combats et est dans un état grave à l'hôpital", a-t-elle ajouté.
Lashkar Gah, 200.000 habitants, est la capitale de la province méridionale du Helmand, place-forte des talibans, qui fut le théâtre de certains des combats les plus intenses des 20 ans d'intervention internationale en Afghanistan et la province la plus meurtrière pour les forces de l'Otan.
Les talibans se sont emparés ces trois derniers mois de vastes territoires ruraux d'Afghanistan lors d'une offensive-éclair lancée à la faveur du retrait des forces internationales du pays.
Les forces afghanes n'ont opposé qu'une faible résistance et ne contrôlent plus que les capitales provinciales - dont certaines sont encerclées - qu'elles doivent désormais défendre becs et ongles.
La chute d'une première capitale provinciale aurait un impact stratégique et psychologique désastreux sur le gouvernement afghan et son armée, dont le moral est déjà sérieusement entamé par les récentes conquêtes des talibans.
Cela renforcerait encore les doutes sur la capacité des forces afghanes à empêcher les talibans de prendre à nouveau le pouvoir.
Les combats se sont également poursuivis dans les faubourgs et autour de Kandahar, grande ville du Sud (650.000 habitants) et berceau des talibans qui en avaient fait l'épicentre de leur régime islamique ultrarigoriste (1996-2001).
"Au cours des dernières 24 heures, ont été admis 18 civils blessés" lors de combats dans les faubourgs de Kandahar et les districts environnants, a indiqué à l'AFP le directeur de l'hôpital Mirwais de Kandahar, Daud Farhad.
Dimanche, les talibans avaient tiré des roquettes sur l'aéroport de Kandahar, endommageant la piste également utilisée par les appareils militaires afghans et cruciale pour ravitailler les troupes qui combattent les insurgés et apporter un soutien aérien.
Dans l'ouest du pays, des combats se sont poursuivis lundi dans les faubourgs d'Hérat, notamment à quelques kilomètres à l'ouest de la ville, selon un correspondant de l'AFP.
Lundi, les forces afghanes "ont lancé des opérations de nettoyage dans les faubourgs d'Hérat" et "progressent désormais", a affirmé le porte-parole du ministère de la Défense, Fawad Aman.
Selon Nishank Motwani, chercheur spécialisé sur l'Afghanistan, "si les villes afghanes tombent (...) la décision américaine de se retirer d'Afghanistan restera dans les mémoires comme une des bévues stratégiques les plus notables de la politique étrangère américaine".
Elle montrera que Washington a "abandonné le gouvernement le plus pro-américain de la région à des islamistes qui envisagent de réduire en ruines tout ce qui a été construit ces deux dernières décennies".