«Au lieu d'attendre une catastrophe généralisée mettant des vies en danger qui aura un coût exponentiel bien supérieur en terme de pertes de vies humaines (...) ainsi qu'en interventions humanitaires, il est de notre devoir d'agir maintenant pour sauver ceux qui souffrent déjà de faim et de malnutrition», estiment les trois organisations dans un communiqué conjoint rendu public à Rome.
«Les populations nécessitant une aide d'urgence sont passées de 6,3 millions d'individus début 2011 à 10 millions aujourd'hui - soit une augmentation de 40% - et ce, à Djibouti, en Ethiopie, au Kenya, en Somalie et en Ouganda. Par ailleurs, les réfugiés somaliens présents dans les camps au Kenya et en Ethiopie ont atteint le niveau sans précédent de quelque 517.000 personnes», indique le communiqué.
Les trois organisations invitent à «une assistance alimentaire d'urgence et durable» et préconisent «que les pays offrent aux agriculteurs les plus démunis l'assistance indispensable, sous forme d'outils, de semences, d'engrais (...) pour accroître la production agricole et soutenir les moyens d'existence ruraux».
«Nous reconnaissons que nous ne viendrons pas à bout des urgences de la Corne de l'Afrique dans l'immédiat. Mais nous devons saisir l'opportunité de briser le cycle chronique d'insécurité alimentaire et garantir que la génération actuelle sera la dernière à être dépossédée de son avenir par le fléau de la faim et de la malnutrition», concluent les trois organisations.
La sécheresse qui sévit dans la Corne de l'Afrique va s'aggraver d'ici à la fin de l'année, créant un risque de famine dans les régions de Somalie les plus touchées, a mis en garde jeudi l'administration américaine.
«Les possibilités limitées d'emploi, la baisse des réserves de nourriture» et «l'explosion des prix des céréales» privent déjà de nombreux foyers de nourriture suffisante, a déclaré Nancy Lindborg, une haute responsable de l'Agence publique américaine du développement (USAID).
Pour ces raisons, les experts américains «s'attendent à ce que la situation périlleuse dans la Corne de l'Afrique empire d'ici à la fin de l'année», a-t-elle expliqué devant une commission de la Chambre des représentants américaine.
Les Etats-Unis redoutent en particulier que «la situation en Somalie continue de décliner». Les premières estimations faites après la saison des pluies, d'avril à juin, laissent à penser que les récoltes seront mauvaises dans les régions fournissant plus de 70% des ressources en céréales du sud du pays.
Selon Mme Lindborg, «des conditions de famine sont possibles dans les zones les plus gravement affectées, en fonction de l'évolution des prix alimentaires, des conflits et de la réponse humanitaire» à la crise.
La responsable a promis que l'administration Obama allait «chercher de nouveaux moyens de fournir de l'aide» en Somalie, tout en aidant les Somaliens forcés de fuir leur pays.
Les Etats-Unis avaient annoncé mercredi être prêts à mettre à l'épreuve la bonne volonté des insurgés islamistes somaliens, qui ont appelé à l'aide pour faire face à la sécheresse, l'une des pires depuis des décennies.