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Comment la créativité communautaire et la digitalisation peuvent-elles favoriser la construction d’un élan de solidarité entre les nations basé sur l’égalité et la justice sociale? Comment peut-on évaluer les progrès réalisés en termes de développement humain et de promotion des droits des femmes dans le monde, et quelles sont les mesures à mettre en place pour construire un modèle de développement durable, inclusif et égalitaire? Comment tirer profit des transformations démographiques et sociétales et en faire un levier en matière de création de richesses et d’accélération de la croissance au cours des prochaines années entre les pays? C’est à ces questions et à tant d’autres que le panel : «Politiques publiques inclusives : l’égalité entre les sexes pour le développement global», a tenté d’apporter des réponses, et ce lors de la journée de clôture du premier Forum international des jeunes parlementaires socialistes et sociaux-démocrates.
L’égalité ne doit pas être qu’une simple revendication
Dans son intervention, Hanane Rihab, secrétaire nationale de l’Organisation des femmes ittihadies (OFI), a affirmé que l'égalité des genres ne doit pas être considérée comme une simple revendication d’un droit que nous devons nous efforcer d'atteindre, mais plutôt comme la base fondamentale d'un monde avancé qui assure confort et vie décente à toutes les composantes de la société, tout en précisant «qu'il n'y a pas de progrès sans égalité, et même si la prospérité économique est atteinte, elle sera trompeuse tant qu'une grande partie de la société, représentée par les femmes, en sera privée».
A ce propos, elle a rappelé les rapports sur le développement humain publiés par le Programme des Nations unies pour le développement, qui ont observé que les pays classés au sommet de la pyramide sont ceux qui ont atteint et accumulé un résultat avancé au niveau de l'égalité des sexes.
Pour la secrétaire nationale de l’OFI, il ne faut pas nier que «les conditions des femmes dans le monde ont relativement évolué au niveau de l'éducation, de l'emploi, de la santé, et surtout de la santé reproductive, mais ces avancées connaissent de grandes disparités entre les pays du Nord et ceux du Sud. Les femmes en Europe et en Amérique du Nord se livrent à des batailles pour améliorer leur représentation politique, affiner les textes relatifs aux lois du travail, et combattre les stéréotypes liés à l'image des femmes dans les médias et dans diverses publicités».
Et d’ajouter : «Les femmes dans les pays africains et asiatiques vivent dans des situations tragiques (mariage précoce, travaux forcés, exploitation, conflits armés et guerres civiles...)».
Hanane Rihab a précisé que ce sombre tableau ne doit pas être l’objet d’uniquement de déclarations de dénonciation ou d’expressions de regret, mais il exige de nous des formes de solidarité internationale qui doivent être développées pour être plus efficaces tout en rappelant que le mur de l'apartheid à Pretoria ne serait pas tombé sans la solidarité internationale.
Selon elle, «les élites et les militants socialistes et sociaux-démocrates ont la responsabilité de soutenir les luttes des femmes pour la libération, l'égalité et l'équité de par le monde, puisque l’oppression des femmes ne se limite pas aux seules géographies africaines, asiatiques ou moyenorientales, mais elle existe dans les pays européens et nord-américains, en particulier parmi les immigrants, les expatriés et les minorités.
S’agissant de la situation au Maroc, l’interlocutrice a fait savoir que «des progrès ont été constatés au niveau des droits et libertés» tout en mettant en avant le rôle et la place de Sa Majesté le Roi qui a mis ses attributions constitutionnelles et son statut spirituel au service de la dynamique féministe moderniste et démocratique.
« Nous sommes de ce fait à l’aise de confirmer que Sa Majesté le Roi mène une révolution tranquille dans notre région, que ce soit au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord afin de donner plus d’élan à une dynamique sociétale menant vers l'émancipation en rupture avec l’héritage historique reposant sur des hiérarchies perpétuant la domination masculine dans les systèmes sociétaux», a-t-elle affirmé. Et de poursuivre : «Par conséquent, nous considérons la monarchie marocaine non seulement comme un allié objectif dans la bataille pour l'instauration de l'égalité globale, mais aussi comme chef de file de ce projet».
Elle a également rappelé le rôle du colonialisme dans la consolidation du conservatisme et de l’immobilisme car, souligne-t-elle, «malgré toutes ses prétentions de porter un message de modernisation, il a au contraire soutenu tous les systèmes de tradition et de conservatisme parce que cela servait ses intérêts». Pour elle, il suffit de revenir sur «le nombre de femmes qui ont bénéficié d'une éducation moderne pendant la période coloniale, et de le comparer avec celui réalisé lors des premières années de l'indépendance, pour se rendre compte que la construction d'une société de modernité et de progrès n'a commencé qu’avec la fin du protectorat».
Pour la militante usfpéiste, «il n'y a pas de développement sans une égalité globale, et sans cela, toute prospérité économique est une forme illusoire d’un développement qui ne garantit pas la durabilité». Elle a également estimé que «les formes d'oppression qui entravent l'égalité sont multiples et empreintes de spécificités locales». A ce propos, elle a déclaré que la solidarité des femmes du monde et de tous les démocrates est nécessaire, mais sans tutelle ou recours à quelconque illusion de supériorité.
Fossé entre les deux sexes
De son côté, Joana Lima, députée portugaise, a indiqué que «bien que le droit fondamental des femmes et des hommes à participer à la vie politique soit reconnu de longue date aux niveaux international et national, dans la pratique il existe toujours un fossé entre les deux sexes, notamment dans l'exercice du pouvoir et la prise de décisions, comme en attestent plusieurs rapports des Nations unies».
Dans ce sens, la députée a affirmé que «les intérêts et préoccupations des femmes ne sont, de ce fait, pas pris en considération lors de la prise de décisions, et celles-ci ne peuvent pas influer sur les décisions clefs qui sont prises dans les domaines social, économique et politique et touchant la société toute entière».
Une situation due, précise-t-elle, en grande partie à un manque d'engagement des responsables politiques en faveur de la promotion de l'égalité entre les sexes et de la participation des femmes à la vie politique.
Nécessité de changement des mentalité
De son côté, Nisreen Amr, chercheuse libyenne, a levé le voile sur la situation des femmes dans son pays en indiquant que ces dernières endurent plusieurs difficultés pour accéder à leurs droits et libertés. A ce propos, elle a rappelé une récente étude indiquant que seulement 17% des femmes ont accès au marché du travail et que 16% ont accès au Parlement en tant que députées. La situation est identique au niveau de l’accès à l’éducation, la santé, la justice, entre autres.
Pour faire face à cette situation, l’intervenante a recommandé la mise en place de mesures encourageant la scolarisation des femmes et la révision des manuels scolaires. Elle a également sollicité des mesures pour réduire les écarts des salaires entre femmes et hommes ainsi que des procédés pour lutter contre la discrimination contre les femmes dans les lieux de travail. Elle a enfin souligné la nécessité de mettre en place des stratégies de communication et de sensibilisation pour combattre les idées reçues et les stéréotypes.
Jeunes et inclusion
La question de l’inclusion a été également débattue au niveau du dernier panel sous le thème :« Sensibilisation et mobilisation pour des politiques publiques inclusives de jeunesse» et dont la modération a été assurée par El Hassan Lachguar qui a noté que malgré le fait que la catégorie des jeunes représente un pourcentage important dans la composition démographique de la plupart des sociétés, et malgré les efforts internationaux qui ont été faits et les programmes qui ont été mis en place au profit des jeunes, ce groupe rencontre encore diverses difficultés sur le chemin de son intégration : dans la vie publique, dans l’accès au marché du travail, ainsi que dans l’accès aux services de base.
En effet, en termes de représentation et de participation politique active, les jeunes constituent encore le groupe qui souffre le plus de la marginalisation et de l’exclusion. Il est confronté à de nombreux défis liés à la recherche d’opportunités d’emploi décent, à une éducation de qualité, aux soins de santé, etc. L’échec des politiques et programmes visant à réhabiliter la situation des jeunes est principalement dû au fait qu’il s’agit de politiques qui manquent d’une vision intégrée et d’une perception globale des priorités et des préoccupations actuelles et futures des jeunes, et qu’il s’agit de politiques qui sont menées à partir de perspectives sectorielles sans l’existence de mécanisme de coordination, d’intégration et d’harmonie entre elles. En outre, elles sont généralement élaborées unilatéralement sans implication des jeunes et sans consultation de tous les acteurs et parties prenantes.
Des politiques bottom-up
Fadi Wakili Asraoui, secrétaire général de la Jeunesse ittihadie, s’est arrêté longuement sur l’expérience de la Chabiba ittihadia dans les batailles menées pour l’inclusion des jeunes. A ce propos, il a rappelé les luttes menées pour l’éduction, le vote et la représentativité des jeunes ainsi que celle contre l’extrémisme et toutes les formes de violence et de haine. Selon lui, la Chabiba a toujours milité pour une société socialiste basée sur l’égalité, la dignité et sur l’universalité des droits de l’Homme.
Pour le secrétaire général de la Jeunesse ittihadie, il est nécessaire de mettre en place des politiques intégrantes et non des politiques dispersées et fragmentées entre les secteurs, qui ont montré leurs limites, et d’œuvrer à l’élaboration de politiques nationales de jeunesse en concertation avec les jeunes définissant les obligations des Etats envers la jeunesse et intégrant les objectifs et les interventions de tous les acteurs concernés.
«Nous ne voulons pas des politiques concoctées dans les ministères et sans participation des concernés. Autrement dit, nous ne voulons plus des politiques top-down mais plutôt des politiques bottom-up impliquant les jeunes dans l’élaboration de plans stratégiques visant à répondre aux exigences des jeunes, en abordant le problème de leur marginalisation et en mettant l’accent sur leurs attentes», a-t-il souligné.
De son côté, l’élu ittihadieYoussef Ouhamdouche a insisté sur l’importance des politiques intégrantes d’autant qu’on a des expériences réussies des jeunes dans les domaines de la politique, de l’économie, de l’innovation, entre autres. Pour lui, les partis politiques sont appelés à plus d’ouverture envers cette catégorie d’individus et à engager davantage de dialogue. Mieux, il estime que tout le monde est concerné par l’inclusion des jeunes. A ce propos, il a noté l’importance d’une gestion décentralisée de la formation et du réseautage.
Marrakech - Hassan Bentaleb