
Face à ce chaos, le nouveau Parlement issu des élections du 25 juin a décidé de se réunir d'urgence samedi à Tobrouk, avançant de 48 heures la séance inaugurale prévue le 4 août à Benghazi, ville devenue trop dangereuse. Mais, signe de la confusion qui règne dans le pays, le président du Congrès général national (CGN), le Parlement sortant, Nouri Abou Sahamein, a maintenu l'invitation de la nouvelle Chambre des représentants à une première réunion le 4 août, cette fois-ci à Tripoli.
Cette confusion illustre l'anarchie qui règne au sein des institutions, en proie à d'intenses luttes de pouvoir. Depuis la chute en 2011 du dictateur Mouammar Kadhafi, chassé du pouvoir par une rébellion soutenue par les Occidentaux, les autorités libyennes sont déchirées par des luttes d'influence, et ne parviennent pas à contrôler les dizaines de milices formées d'ex-rebelles qui font la loi en l'absence d'une armée et d'une police bien structurées et entraînées.
Depuis samedi les combats entre milices islamistes et forces armées dans plusieurs secteurs de Benghazi dont celui de la base ont fait quelque 90 morts, parmi lesquels les 35 victimes dont les corps ont été retirés mercredi.
Dans la capitale libyenne, les pompiers tentaient, non sans grande peine, d'éteindre l'incendie qui ravageait mercredi pour la quatrième journée consécutive un immense dépôt de stockage d'hydrocarbures de 90 millions de litres, provoqué par des roquettes tirées lors d'affrontements entre milices rivales aux abords et dans l’aéroport fermé depuis. Ces combats ont fait depuis leur début le 13 juillet une centaine de morts et 400 blessés. Les affrontements ont éclaté après une attaque menée par des combattants islamistes et d'ex-rebelles de la ville de Misrata (est de Tripoli) qui tentent de chasser de l'aéroport leurs anciens compagnons d'armes originaires de Zenten (ouest). Les combats ont quasiment paralysé la capitale, où banques et administrations sont fermées. Des pénuries de carburant et d'électricité ainsi que des coupures d'eau empoisonnent la vie quotidienne des habitants.