L’Etat parie sur les investissements flexibles et à moindre risque
-
Driss Lachguar : Passerelle importante vers l’Afrique, la ville d’Agadir requiert un intérêt considérable
-
Le délai raisonnable pour statuer sur les affaires, un engagement constitutionnel en faveur des droits des justiciables
-
Mustafa El Ktiri : La récupération de Sidi Ifni, une étape majeure dans le processus de parachèvement de l’indépendance nationale
-
Débats entre experts dans la perspective de la tenue du 12ème Congrès de l’USFP
Le secteur des énergies renouvelables et du dessalement de l’eau de mer campe en 4ème position avec 2 milliards de dirhams, soit près de 18% des investissements projetés et celui de l’industrie occupe la 5ème position avec des projets totalisant un investissement de plus de 1,25 milliard de dirhams, soit plus de 11% des investissements projetés. Pour Hicham Attouch, professeur d’économie à l’Université Mohammed V- Agdal de Rabat, une lecture saine de ces chiffres exige une précision concernant la part des projets de conventions et celle des avenants pour savoir si nous sommes face à de nouveaux investissements ou à des conventions additionnelles. «En effet, l’importance du chiffre annoncé, à savoir 11,3 MMDH, se mesure selon sa répartition entre les deux formes d’investissements», nous at-il indiqué. Pourtant, il estime que ce montant converti en euros ou en dollars reste moins important, comme c’est le cas pour le chiffre relatif à la création des nouveaux postes d’emploi. «Les 3.000 postes directs et les 5.000 postes indirects demeurent insuffisants par rapport aux demandes d’emploi formulées notamment par les jeunes diplômés dans ce contexte de crise liée à la Covid-19.
A cet effet, le HCP a révélé dernièrement que le taux de chômage a atteint 11,9%, soit 1,43 million de chômeurs. Il a également noté la perte de plus de 430.000 emplois en 2020 à cause de la crise sanitaire et de la sécheresse en soulignant que les taux d'activité et d'emploi de la population ont reculé. En outre, il faut préciser que ces postes d’emploi doivent être créés dans trois ou quatre ans», nous a-t-il expliqué. Concernant la nature des investissements, notre interlocuteur observe qu’une grande majorité de ces derniers a été orientée vers le secteur des services en pariant sur les domaines à moindre risque, mais qui restent, selon lui, très flexibles et volatiles. La répartition de ces investissements par région d’implantation place celle de Casablanca-Settat en première position avec 3,84 milliards de dirhams (34% des investissements projetés) suivie de Rabat-Salé-Kénitra avec 3,39 milliards de dirhams (30% des investissements projetés).
La région de Dakhla-Oued Eddahab arrive à la troisième place avec des projets d’investissements totalisant 2 milliards de dirhams, soit près de 18% des investissements projetés, suivie de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima avec 942 millions de dirhams d’investissements projetés. «La position des régions de Casablanca-Settat et de RabatSalé-Kénitra s’explique par la domination du secteur des services. Ceci d’autant plus qu'une grande part des écoles et universités est implantée sur cet axe», nous a indiqué notre source. Et d’ajouter : «S’agissant de Dakhla-Oued Eddahab, l’Etat parie sur le développement d’un secteur touristique durable en exploitant le potentiel de cette région riche de son écosystème».
D’où vient l’argent mobilisé pour ces investissements ? Les projets à capitaux marocains représentent la majeure partie des investissements projetés avec 7,45 milliards de dirhams, soit près de 66%. Ces projets ont vu le jour dans le cadre de la mise en œuvre de grands projets dans les secteurs de l’industrie, de l’éducation et de l’enseignement supérieur et du tourisme et loisirs. Les joint-ventures Maroc-France arrivent en 2ème position avec des investissements de l’ordre de 2 milliards de dirhams, soit plus de 17% du montant d’investissement global approuvé par cette Commission suivies des investissements provenant des Emirats Arabes Unis avec 1,44 milliard de dirhams.
«Nous ne sommes plus dans l’ancienne structure où dominaient les bailleurs de fonds classiques (France, Espagne…). C’est désormais la domination des capitaux marocains et de ceux en provenance des pays du Golfe. En effet, il y a un redéploiement des investissements des MRE vers leur pays d’origine», nous a indiqué Hicham Attouch. Et de conclure : «Ces investissements restent, cependant, non structurants et incapables de résoudre les problèmes structurels du pays. En fait, ils sont impuissants à engendrer la dynamique attendue qui va permettre à notre économie de se repositionner au niveau supranational et de s’inscrire dans la chaîne de valeurs mondiale. Ces investissements ont plutôt une utilité plus locale qu’internationale. On peut même dire que leur nature et leur montant global constituent une régression par rapport aux choix faits auparavant par l’Etat (métiers mondiaux, accélération industrielle, agriculture…)».
Hassan Bentaleb