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Il accède à la reconnaissance internationale en 1968 avec "L'extradition des Baltes", une enquête à charge contre la Suède qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a renvoyé en Union soviétique des soldats des pays Baltes réfugiés. Souvent cité parmi les favoris du prix Nobel de littérature décerné par l'Académie suédoise, il est mort sans avoir décroché la prestigieuse récompense. "Rares sont ceux qui ont inspiré tant d'autres écrivains, renouvelé comme lui le roman documentaire et vitalisé l'art dramatique suédois", ont réagi dimanche ses éditeurs suédois de la maison Norstedts. Son autobiographie "Une autre vie", parue en Suède en 2008, est couronnée par un second prix August, créé en 1994 en hommage à August Strindberg, l'enfant terrible de la littérature suédoise à qui "POE" disait tant devoir.
L'auteur y narre sa jeunesse solitaire dans l'extrême nord de la Suède auprès de sa mère institutrice, veuve, luthérienne rigoriste qui rêvait pour lui du séminaire.
Né en 1934 à Hjoggböle, austère paroisse du Nord, il grandit dans un décor bergmanien avec le souvenir d'avoir hérité du lit destiné à son frère mort à la naissance, de l'absence d'un père décédé alors qu'il n'avait pas un an, de sa mère qui le pousse à inventer des péchés à confesser. Puis ce géant au regard froncé d'un Gregory Peck s'émancipe, entre au lycée, pratique le saut en hauteur à haut niveau, s'éveille au journalisme, à l'écriture, aux femmes.
Il manque de peu la qualification pour les Jeux olympiques de Rome en 1960 et se retrouve, comme journaliste, au coeur des JO 1972 de Munich où onze athlètes israéliens sont tués par le commando palestinien "Septembre noir". A l'âge d'homme surgissent les terreurs, la dépression, le doute de soi, de la valeur de l'existence. "Je crois que toute ma vie j'ai voulu être écrivain et je n'ai jamais laissé tomber. Il n'a pas été facile de survivre...", racontait Enquist à l'AFP en 2011. Dans son appartement de Stockholm où il recevait alors, un pan entier de mur était masqué par des livres de poésie, de théâtre, par des romans ou des contes: son oeuvre, rien que son oeuvre, en suédois, anglais, français, russe, etc...
"C'est ma bibliothèque égocentrique, expliquait-il. A chaque fois que je perds le moral parce que je ne parviens pas à écrire, je la regarde et je me dis « allez, ce mur fait sept mètres de long, j'ai donc fait un petit quelque chose dans ma vie, alors je peux mourir »".
Per Olov Enquist, c'est enfin une lutte à mort contre l'alcoolisme. Il passe trois ans à Paris, sans quasiment dessoûler. "Je vivais dans un somptueux appartement sur les Champs-Elysées, mais je ne pouvais rien écrire (...) Je me souviens de la magnifique vue que j'avais depuis le balcon, Paris était très beau à regarder, mais je n'arrivais pas à l'utiliser".
La troisième cure est la bonne, parce qu'on lui laisse son ordinateur et qu'un beau jour, il se rend compte qu'il est "toujours un écrivain". "Le plus terrible pour un écrivain ce n'est pas d'écrire, mais de ne pas écrire. C'est une période de ma vie qui est maintenant derrière moi et que j'ai été content de raconter".