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A l’époque, le MEN se félicitait du nombre d’internats qui avait atteint un millier lors de l’année scolaire 2019-2020. « 15 internats sont construits d’année en année », avait précisé le ministre de tutelle dont le département aurait « accéléré le rythme de création de ces établissements en considération de leur impact direct sur la limitation de la déperdition scolaire».
Neuf mois et une crise sanitaire plus tard, ces mêmes internats ne sont clairement plus une priorité. Les campagnes médiatiques et les annonces en grande pompe ont laissé place à un mutisme pour le moins gênant. Le sujet a été relégué au fin fond de la classe, à la place du cancre. Pourtant, le rôle des internats et leur importance dans le monde rural ne sont pas moins prégnants qu’avant. Les 65% d’internats situés à la marge des zones urbaines s’apparentent à une bouée de sauvetage pour des milliers d’élèves et d’étudiants incapables de poursuivre leur scolarité à cause des distances à rallonge qui les séparent encore trop souvent des établissements scolaires.
Aujourd’hui, la bouée de sauvetage est percée, les internats étant fermés depuis mars dernier à cause de la situation épidémiologique du pays. Par la force des choses, les étudiants sont maintenant à la dérive, incapables de reprendre le cours de leur vie scolaire. A plus de 200 km de Casablanca, l’internat de la charmante et petite ville d’El Ksiba a pour habitude d’accueillir en son sein des dizaines d’enfants en provenance des villages montagneux avoisinants. A présent, ils sont tous chez eux, à se tourner les pouces car incapables pour la majorité d’entre eux de suivre les cours à distance par manque d’équipements (tablettes, ordinateurs, connexion Internet). Dès lors, si pour une minorité d’entre eux, la solution du distanciel joue le rôle du bouche-trou, pour d’autres, elle est inenvisageable.
Par exemple, comment voulez-vous enseigner à distance à des étudiants non voyants ou malvoyants ? A cause de la fermeture prolongée de l’internat, l’établissement scolaire réservé aux déficients visuels de Béni Mellal n’a toujours pas ouvert ses portes, plus d’une semaine après le 7 septembre, jour de rentrée scolaire sur l’ensemble du territoire national. Ainsi, outre un programme pédagogique en déphasage complet avec leur handicap, mais ça c’est un autre sujet, les étudiants déficients visuels sont dans l’expectative et pas seulement à Béni Mellal. Le constat est le même aux quatre coins du pays. Le silence radio des autorités sanitaires et du ministère de l’Education nationale n’arrange pas les choses. On fait comme si c’était une fatalité. Or, ce n’est pas le cas. Des solutions existent.
Pour éviter la propagation du Sars-Cov-2 et répondre aux défis de cette crise sanitaire au sein des internats, réserver une jauge maximale de 10% aux étudiants en difficulté en est une. L’autre solution consiste à instaurer une batterie de mesures strictes. A commencer par l’obligation de porter un masque pour chaque déplacement au sein de l’internat. Dans les dortoirs, les meubles peuvent être déplacés et l’espace repensé afin de laisser un espace d'au moins 4m² par élève. Ou encore attribuer des chambres entre élèves de même groupe pour limiter le brassage. Bien évidemment, les déplacements entre les chambres devront être évités au maximum. De plus, un nettoyage approfondi des espaces collectifs doit être effectué quotidiennement tout en les aérant régulièrement.
S’agissant des espaces collectifs, si tant est qu’il y en ait, des rotations pour y accéder ne seraient pas superflues, à l’instar de la mise à la disposition des élèves et étudiants de solutions hydroalcooliques en quantité suffisante. Sans oublier de renforcer la sensibilisation au respect de la distanciation physique. Difficiles à appliquer dans certains internats, ces mesures ont au moins le mérite de rouvrir les portes, peutêtre pas à la majorité de leurs pensionnaires, mais à ceux qui en ont le plus besoin.
Chady Chaabi