
"On ne s'attend pas à un bouleversement, mais c'est l'occasion peut-être de prendre les choses différemment", commente un diplomate européen, selon lequel la présidentielle "ne va rien changer de fondamental dans le fond, mais peut-être dans le style", forcément différent de celui de Mahmoud Ahmadinedjad.
L'exercice du pouvoir par l'ex-président iranien et ses déclarations fracassantes notamment sur Israël avaient tétanisé une partie de la communauté internationale.
A l'opposé, Hassan Rohani a été surnommé le "Cheikh diplomate" pour son rôle en tant que chef de la délégation de son pays, de 2003 à 2005, dans les négociations avec les Européens sur le nucléaire iranien ayant abouti à la suspension du programme d'enrichissement de l'uranium. Mahmoud Ahmadinejad avait ensuite mis fin à l'embellie.
A l'annonce de la victoire d'Hassan Rohani, la plupart des Etats se sont dits prêts à travailler avec lui, l'invitant à trouver "une nouvelle voie", notamment sur le dossier nucléaire et la crise syrienne. Denis McDonough, secrétaire général de la Maison Blanche, ce dimanche sur la chaîne de télévision CBS, a voulu voir dans son élection "un signe porteur d'espoir".
Dans ce concert de réactions plutôt bienveillantes, seul le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé à ne pas "se bercer d'illusions", à maintenir la pression et à faire cesser le programme nucléaire iranien "par tous les moyens nécessaires".
Geneive Abdo, du groupe de réflexion Stimson Center à Washington, prédit "une probable lune de miel au début", mais se dit "très sceptique sur de réels progrès dans le dossier nucléaire" et "en Syrie, je pense qu'il n'y aura pas de changements", souligne-t-elle.
En revanche, pour Azadeh Kian-Thiebaut, professeur de sciences politiques à l'université Paris VII-Diderot, "si les Occidentaux veulent que l'Iran réintègre la communauté internationale, il y a de quoi faire avec Rohani, un modéré, un homme de négociation".
A preuve, dit-elle, sa volonté de normaliser les relations de son pays avec l'Arabie saoudite, exprimée pendant la campagne électorale. "Il n'a pas parlé de la Syrie, un dossier très épineux, mais il veut s'entendre avec les Saoudiens sur un certain nombre de dossiers".