
Senoussi est gardé par les soldats du nouveau régime dans une cellule de fortune dans l'aéroport de Bani Walid. Son identité a été confirmée par Omar al Mouktar, commandant des forces anti-Kadhafi dans le nord de Bani Walid et en charge de la zone aéroportuaire. La conversation a pu avoir lieu loin des oreilles de ses gardes du Conseil national de transition (CNT). Mouktar et Senoussi affirment que Saïf al Islam Kadhafi a disparu le jour où Bani Walid est tombée aux mains des anciens rebelles. "Quand son convoi a quitté Bani Walid, il a été touché par une frappe aérienne mais il en est sorti vivant", explique Senoussi, cheveux longs et bouclés à l'image du défunt "guide" libyen. Mouktar raconte: "Mon unité et moi le poursuivions le 19 octobre (mercredi dernier). Ensuite l'Otan a tiré sur son convoi. Il était dans un véhicule blindé et a survécu, et quelqu'un l'a aidé à s'échapper. On a ratissé la zone mais on l'a perdu à ce moment-là."
Senoussi raconte avoir combattu jusqu'au dernier jour aux côtés des brigades pro-Kadhafi de Bani Walid. Il voyait souvent Saïf al Islam, avec lequel il avait "une relation professionnelle." "A la fin, nous n'écoutions plus vraiment ce qu'il disait, nous étions trop occupés à combattre."
Selon lui, le porte-parole de Mouammar Kadhafi, Moussa Ibrahim, était aussi à Bani Walid ces dernières semaines mais il a réussi à s'enfuir quelques jours avant la chute de la ville. Des habitants de Bani Walid racontent que le fils du "guide" s'était réfugié dans une cache du quartier d'al Taboul, un amas de maisons en terre à flanc de colline. L'ambiance sur place était encore tendue mardi. A l'inverse du centre-ville, aucun drapeau du CNT sur les toits et des regards hostiles qui n'invitent pas à la discussion. "Nous ne l'avons pas vu ici depuis que les rebelles sont arrivés", dit un adolescent qui ne souhaite pas donner son nom. "Avant, nous voyions parfois ses véhicules passer. On l'a vu dans le coin." Saïf al Islam est le seul fils de Mouammar Kadhafi dont on ignore la situation. Anglophone et artisan du rapprochement du régime avec l'Occident, il communiquait avec les médias internationaux durant la révolution.