Pendant combien de temps la dose de rappel fait-elle effet contre ce nouveau variant ? Jusqu ’à quel point est-elle efficace contre les infections et les hospitalisations ? Une quatrième dose sera-t-elle nécessaire ?

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L'enjeu est important : conserver une importante protection contre les formes graves de la maladie et les hospitalisations, à l'heure où certaines structures commencent à être en tension, et éviter en partie de nouvelles transmissions.
Jusqu'à aujourd'hui, seulement 3 millions de Marocains ont reçu une dose de rappel, alors que le nombre de primo-vaccinés a atteint 24.560.942, celui des personnes ayant reçu deux doses s'élève à 22.934.272.
Mais après avoir reçu cette troisième dose de vaccin, en faudra-t-il une quatrième ? Pendant combien de temps la dose de rappel fait-elle effet et protège-telle contre Omicron ? Et jusqu’à quel point est-elle efficace contre les infections et les hospitalisations ?
L’effet protecteur d’une dose de rappel
Le variant Omicron se propage à la vitesse de l’éclair sur toute la planète et devrait devenir dominant dans les semaines qui viennent. Ce qui est inquiétant à ce stade, c’est que selon les spécialistes, deux doses de vaccins n'offrent pratiquement aucune protection contre une infection par ce variant, même si elles devraient réduire considérablement les formes graves de la maladie et les hospitalisations. Par contre, l’effet protecteur de la troisième dose fait désormais l’objet d’un large consensus dans la communauté scientifique compétente et au sein des autorités sanitaires.
Parce que heureusement pour nous, même si le contenu de la seringue est identique, un rappel n'est pas une simple répétition de la même chose pour le système immunitaire. La protection que vous obtenez après la troisième dose est plus importante, plus large et plus mémorable que celle que vous aviez auparavant. «Combattre le coronavirus est une chose que votre système immunitaire doit apprendre», explique le journaliste santé de la BBC, James Gallagher. Selon lui, les vaccins s'apparentent davantage à une école - un environnement plus sûr pour poursuivre l'éducation de votre système immunitaire en matière de Covid. La première dose est l'enseignement primaire qui permet d'acquérir les connaissances de base. La deuxième et la troisième doses sont comparables à l'envoi de votre système immunitaire au lycée puis à l'université pour approfondir considérablement ses connaissances. Il ne s'agit pas simplement de refaire à chaque fois l'école primaire.
Selon le virologue à l'université de Nottingham, Jonathan Ball, «le système immunitaire acquiert une meilleure connaissance et une meilleure compréhension du virus». «Même si l'on parle beaucoup des tours maléfiques d'Omicron, un système immunitaire bien entraîné constitue un environnement incroyablement difficile et hostile pour le virus et ses variants», a-t-il fait savoir.
Ainsi, alors qu'Omicron se dérobe à notre système immunitaire, chaque dose de vaccin, voire chaque infection, donne aux défenses de notre organisme davantage d'outils pour le traquer. «L'immunité contre un virus n'est presque jamais absolue - on peut presque toujours être réinfecté et ce que l'on veut, c'est que la réinfection soit si insignifiante que l'on ne s'en rende pas compte ou qu'elle soit très légère», a expliqué le spécialiste.
«Si la première dose vient activer notre système immunitaire, la seconde dose le renforce, la troisième est là pour le booster», estime, pour sa part, Jean-Daniel Lelièvre, chef du service maladies infectieuses à l'Hôpital Mondor à Créteil, en France. Mais selon plusieurs études, plus le temps passe, moins le vaccin est efficace contre les infections.
En effet, si les scientifiques sont d’accord sur l’effet protecteur de la 3ème dose contre le variant Omicron, ils sont également unanimes à souligner que cette protection s'estomperait plus rapidement face à Omicron que face au variant Delta et ne serait effective que quelques semaines. Après la deuxième dose, l’efficacité du vaccin ne serait que de 20 %. Celle-ci monterait à 70 % après la troisième dose... pendant un certain temps. Trois mois seulement après, l'efficacité retomberait en dessous des 25%. «Malgré ces données plus ou moins affolantes, il semblerait en revanche que la protection contre les formes graves de la maladie demeure suffisante», nous explique Dr Abdelillah. K, médecin anesthésiste-réanimateur au CHU Ibn Rochd de Casablanca.
Mais il faut tout de même souligner que l’une des particularités du variant Omicron est son nombre impressionnant de mutations sur la protéine Spike qui est essentielle dans le mode de fonctionnement des vaccins et des thérapies par anticorps monoclonaux actuellement disponibles. «Dans le cas du vaccin, l'ARNm contient le plan de fabrication de la protéine Spike. Lors de l'injection du vaccin, notre organisme va la fabriquer et l'exposer à la surface de nos cellules», explique la journaliste santé Stéphanie Le Guillou, dans un article publié sur le portail web scientifique «Futura-sciences». «Au contact de la protéine Spike, les cellules immunitaires vont produire des anticorps contre le virus. Notre corps sera déjà armé s'il rencontre le virus... sauf si la protéine Spike produite avec le vaccin diffère trop de la protéine Spike des variants en circulation. Plutôt que de se faire vacciner tous les 3 mois, il faut adapter le vaccin aux variants. C'est d'ailleurs ce qui est fait chaque année avec le vaccin contre la grippe», précise-t-elle, avant de rappeler que la société Pfizer-BioNTech est en train de concevoir un vaccin adapté au grand nombre de mutations de la protéine Spike du variant Omicron. Celui-ci devrait être disponible courant mars.
Une troisième dose mais peut-être pas la dernière
Alors que le monde entier est en pleine campagne de rappel vaccinal, le sujet de la 4ème dose est déjà sur la table dans plusieurs pays. «Une quatrième dose dépendra de l'évolution de la pandémie et personne ne peut le dire encore aujourd'hui», estime Dr Abdelillah. K. «Et puis, peut-être qu'à un moment donné, on arrivera avec une autre technique de protéines recombinantes, par exemple sur un vaccin plus stable qui permettra d'avoir une immunité durable. Mais pour l'instant, ces données-là, on ne les a pas pour pouvoir estimer que cette troisième dose sera la dernière», explique-t-il.
Pour Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique français, «si dans quelques semaines, on observait une baisse progressive de l’efficacité du rappel, et que le virus circulait à nouveau beaucoup, je n’aurais aucune difficulté à expliquer pourquoi il faut une quatrième dose». «Pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour», a-t-il tranché, dans une déclaration à Marianne. «Il est donc possible que nous ayons besoin à un moment donné d'une quatrième dose, pour rappeler, et dans quel délai, je ne le sais pas encore », a encore insisté Jean-François Delfraissy, avant de conclure : «Tout est de la pure hypothèse à ce stade. Mais il faut se préparer à tous les scénarios». Même les pires !
Dans un tweet daté du 21 décembre, le Premier ministre israélien Naftali Bennett déclarait: «J'ai donné l'ordre de préparer immédiatement l'injection d'une quatrième dose de vaccin. [...] Le monde nous suivra». Quelques jours après cette déclaration volontariste, l'enthousiasme autour d'une seconde dose de rappel semble néanmoins être retombée dans l'Etat hébreu.
Le directeur général du ministère de la Santé, Nachman Ash, a décidé d'attendre des données consolidées concernant le bénéfice d'un deuxième rappel contre le Covid-19, et donc de ne pas autoriser dans l'immédiat l'injection d'une quatrième dose aux personnes de plus de 60 ans et au personnel soignant, comme cela était initialement prévu. L'autorisation a uniquement été donnée pour les personnes immunodéprimées, qui peuvent désormais recevoir leur quatrième dose dans le pays.
L'annonce du Premier ministre, qui ne reposait sur aucune étude clinique solide, a été critiquée par la communauté scientifique du pays, à l'image du docteur Dror Mevorah, estimant auprès des Echos que «le fait que nous ayons été les premiers à administrer un troisième vaccin ne signifie pas qu'un quatrième est nécessaire sans fondement scientifique».