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Nouvelles appréciées de la littérature arabe : Les ennemis (4)Traduit par Sahraoui Faquihi
Mardi 22 Juillet 2014
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Le grand écrivain et nouvelliste syrien, Zakaria Tamer, a commencé sa vie en tant que forgeron acariâtre à la cité Albatha. De là, cigarette habituelle à la bouche, toujours secoué par sa toux perpétuelle, il se lança dans le domaine de l’écriture. Il ne quitta point son métier d’origine. Au contraire, comme dirait plus tard son compatriote le poète Mohamed Elmaghote, il restera toujours le forgeron acharné qu’il était, mais dans une patrie en poterie. Ainsi ne tardera-t-il pas à tout renverser. Rien ne lui résistera sauf les cimetières et les prisons parce que fort protégés. Il publia de nombreux recueils de nouvelles que les critiques et essayistes considèrent parmi les meilleures nouvelles de la littérature arabe. Nous avons choisi la nouvelle intitulée «Les Ennemis» extraite du recueil : «Les tigres au dixième jour », publié par Dar Aladab Beyrouth. 23-Instruction Le juge instructeur dit à un bébé dans son berceau :«Fais gaffe, ne mens pas ; dis tout ce que tu sais sur tes camarades». Le bébé ne répondit pas. Le juge instructeur, furieux, s’écria :«Tu oses te taire ?» Le bébé se mit à pleurer. Le juge instructeur s’offensa. Il appela ses hommes. Ceux-ci accoururent avec leurs flagelles et leur nuit obscure. 24-Le testament Le vieillard agonisait. Ses nombreux enfants et petits-enfants, tristes, l’entouraient. D’un regard fatigué, il fixa longtemps leurs visages pâles, leurs vêtements usés et balbutia d’une voix tremblotante et désolée : -«Je vais mourir sans vous laisser un héritage intéressant». Il essaya de poursuivre ses propos ; mais une grande fatigue, ressentie à l’instant, l’obligea à se taire. Il ferma les yeux fébrilement, impatient de dire à ses fils et petits-fils : -«La vie, ô mes fils et petits-fils est étrange ! Ne faites jamais une bonne action ! Faites du mal autant que vous le pourrez. Ne dites jamais la vérité même si on vous conduit à la potence. Mentez ! Flattez les riches et ceux qui sont haut placés ! Flattez les médiocres, les ignorants et les bouffants ; l’avenir prometteur est à eux et non aux autres. Applaudissez les arrivistes, et médisez les partants. Soûlez-vous ! Ne faites pas de prière ni n’observez de jeûne ! Ne soyez bons avec personne !Soyez de droite et de gauche, soyez l’Orient et l’Occident en même temps! Méprisez les savoirs ! Le sourire d’un responsable vaut mieux que mille livres. Combattez le pauvre et le misérable et dormez ignoblement aux seuils des personnes fortes et puissantes !. Louez ceux qui ne le méritent pas ! Applaudissez d’admiration les aboiements des chiens, et jouez aux tambours pour empêcher le chant des rossignols d’être entendu !» Le vieillard agonisant, obéissant encore à une rancœur tempétueuse, essaya d’ajouter autre chose, mais à ce moment même, la mort le surprit. Il se tut alors, tout plein d’amertume et de désolation. 25- La fin Le maître dit à ses petits élèves : -«L ‘année comme je vous l’avais appris se compose de quatre saisons, lesquelles ?» Les élèves répondirent en chœur : -«L’automne !» Le maître dit : -«En automne, les feuilles des arbres deviennent jaunes, on laboure la terre, et le ciel se couvre de nuages». L’automne arriva, les feuilles jaunirent et tombèrent par terre pour couvrir les cadavres de ceux qui moururent au cours de la guerre sans être enterrés. Les élèves répondirent en chœur : -«L’hiver !» Le maître dit :«En hiver, la pluie tombe et irrigue le sol». L’hiver arriva, et aussitôt, le sol fut parsemé par les restes de nos avions et des corps de leurs pilotes innocents. Le tout fut arrosé par de fortes pluies. Les élèves répondirent en chœur :«Le printemps !» Le maître dit :-«Au printemps, la verdure couvre le sol tout entier». Le printemps eut lieu. La terre fut couverte d’herbe et de fleurs. Mais les mères et les villes n’abandonnèrent point leurs tenues endeuillées. Les élèves s’écrièrent :«L’été !» Le maître dit : «L’été est la saison de la moisson». L’été s’annonça, mais ce n’est pas le blé qui poussa. Ce sont plutôt de nouveaux avions et des hommes nouveaux qui poussèrent résolus à mourir une seconde fois. 26-La fin Un homme, après avoir enfoncé son épée dans le sol et y avoir collé l’oreille dit d’un ton moqueur :«La terre pleure». Il colla l’oreille pour la seconde fois et déclara d’une voix mêlée de joie :«Elle est morte !» Quand il y colla l’oreille pour la troisième fois, il n’entendit que les pas des soldats qui martèlent régulièrement le sol.
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