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Nouvelles appréciées de la littérature arabe : Le chasseur d’autruches (4)Traduit par Sahraoui Faquihi
Samedi 26 Juillet 2014
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L’auteur est né en 1945. Il poursuivit ses études jusqu’à l’obtention d’un diplômes d’études supérieur en littérature arabe, préparé au sujet du poète préislamique Taabbata Charrane. Après, il exerça le métier d’enseignant à la faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat, avant d’être muté à celle d’Aïn Chok. Sa patience pour l’écriture commença depuis qu’il comprit qu’écrire est une manière de s’affirmer. Ses premières nouvelles apparurent dans des revues et journaux nationaux, au début des années soixante-dix, du siècle précédent. Il publia jusqu’à présent trois recueils de nouvelles qui sont : « Revoir les personnes chères» (1984). «Ni vu ni connu (1987). «Le chasseur d’autruches» (1993). Que c’est beau de découvrir un corps ; un vrai corps qui, telle une émeraude scintillante, laisse éclater les mille et un instants fuyant l’âge : les répartissant puis les invoquant, les condensant puis les dispersant, les conservant éternellement, vivants, mûrs, ineffaçables et immortels. Ce corps/ trésor pourrait être aussi bien une pierre, une fontaine, ou un épi qu’un genévrier. Quant à moi, je découvris une graine de genévrier. Je la vis au début au milieu des feuilles de cèdre, lesquelles feuilles étaient fines et pointues au bout, telle la tête d’une aiguille : la graine était bleu/vert, ovale et petite de taille comme l’œuf d’un oiseau, tapie au fond du monde tout en ruminant sa nourriture qui n’est qu’un mélange du susurrement du vent, du chant des fleurs, de la lumière solaire et des battements des ailes. Je m’arrêtai, stupéfait, semblable au petit prince. Enfin, je l’apprivoisai, la gardai dans ma poche. Il existe sûrement au fond d’elle un petit cœur blanc que j’appellerais Zahra. Je le conserverais jusqu’à ma vieillesse ; ainsi en extrairais-je quelques particules pour mon verre quotidien de thé que je dégusterais les yeux fermés, en contemplant le soleil matinal dont on ne voyait surgir dans l’horizon lointain que la première moitié, rouge agréable, aimable : Zahra est une enfant jouant encore à la corde avec ses nattes flottant sur le dos, ses sandales rouges, et sa belle voix aiguë comme si elle provenait d’un monocorde. Tandis que moi, je suis sans corps. Rien qu’un œil ! Le regard d’un œil ! Le regard d’un œil fermé ! 3- Comme si j’étais au bord d’un gouffre, et comme si le gouffre était à moitié plein des ordures de la ville, et comme s’il y avait là, au milieu des ordures, quelque chose qui brillait. Un miroir ? Une plaque d’aluminium ? Une bouteille de limonade ? Cela brillait comme s’il était exposé au soleil, alors qu’il faisait nuit. Même la lune était couverte par les nuages. Aussitôt que je me rendis compte qu’il faisait nuit, j’eus peur. J’hésitais à aller découvrir la nature de cette chose qui brillait ainsi. Ce qui était curieux, c’est qu’elle se mit à monter, monter, comme si elle flottait sur la surface d’un lac, et comme si ce lac subissait un flux. elle s’approchait et s’éloignait, elle continuait toutefois de monter, poussée vers moi par des ondes successives, pendant que je l’identifiais peu à peu … Soudain, je découvris que c’était le visage de Zahra. Le même visage, avec la précision des mêmes traits, avec ses cheveux mouillés comme si elle venait de les laver, et ses lèvres minces et fraîches, ses yeux tout grands comme si elle était étonnée de me voir dans les lieux. J’étais conscient que ce n’était là que son image tout court. Mais je voyais l’image toute pleine de surprise, vivante, mobile, sur le point de prononcer mon nom si elle n’avait pas peur. De quoi a-t-elle peur ? Moi-même j’éprouvai une peur. Je sentis que je mourrais aussitôt qu’elle aurait prononcé mon nom. Et au milieu de tout ce mélange complexe de sentiments : le désir de la voir, la peur qu’elle prononce mon nom, la peur de la nuit et des ordures, le double désir : être avec Zahra, et rester seul en même temps ; au milieu de tout cela, j’entendis une voix du fond de la crevasse ; une voix qui ressemblait à celle de mon père …La voix de mon père au milieu de l’âge, avant de vieillir et de faiblir ; sa voix fruste, sévère, sûre qui, tranchante, parle de l’avenir comme si elle racontait le passé : -Zahra ou la vie-. Voilà tout ce qu’avait dit mon père ; seulement, je reçus le message comme à travers un sens inconnu : j’interprète ses paroles et comprends qu’il veut dire par le mot «vie», toutes mes ambitions …Tous mes rêves, concernant le voyage, la connaissance et la création…Tous mes vœux profonds à être accepté par les gens, être aimé par eux et qu’on me fasse participer aux différents modes de leur vie. Je comprends que le mot –«vie», signifie pour lui les mots que je rêve de formuler pour exprimer tout cela à la fois, ou pour me compenser de tout cela. Je comprends qu’il veuille dire par le mot Zahra/Fleur toute seule, sans le monde, est une fleur cueillie.
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