Kinshasa et Kigali se sont mutuellement accusées mercredi d'être à l'origine d'affrontements ayant opposé dans la journée leurs troupes à leur frontière commune pour la première fois depuis plusieurs mois.
Les combats ont eu lieu dans la zone de Kanyesheza, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Goma, la capitale du Nord-Kivu, province de l'Est de la République démocratique du Congo rongée par les conflits depuis une vingtaine d'années.
Il s'agit des premiers incidents de cette ampleur depuis la fin du mois d'octobre 2013, quand l'artillerie rwandaise avait procédé à des tirs d'artillerie pour empêcher la progression des Forces armées de la RDC (FARDC) dans leur offensive finale contre les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23).
Cet accès de tension de mercredi survient alors que les rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), présents dans l'Est du Congo depuis 1994, ont entrepris fin mai un processus de démobilisation, disant vouloir rentrer au Rwanda.
Vers 21h30 (19h30 GMT), la situation était revenue au calme depuis plusieurs heures, selon le lieutenant-colonel Olivier Hamuli, porte-parole des FARDC pour le Nord-Kivu.
Les affrontements ont commencé à l'arme automatique mercredi à l'aube. Au cours de ces premiers combats, un soldat congolais a été tué, ont indiqué le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, et le gouvernement rwandais.
Après une période d'accalmie, les combats ont repris dans l'après-midi, cette fois-ci à l'arme lourde, pendant plus d'une heure. Le gouvernement rwandais a affirmé que quatre soldats congolais avaient été tués pendant ce deuxième affrontement, ce qu'a démenti le colonel Hamuli, parlant au contraire de pertes dans les rangs rwandais.
Il y a eu des "tirs de mortiers et même de roquettes", a indiqué à l'AFP un habitant d'un village proche du lieu des affrontements. Les combats ont semé la "panique", a-t-il ajouté, précisant avoir dû fuir, comme beaucoup d'autres son lieu d'habitation.
Les Nations unies, très présentes, "ont appelé au calme les deux parties" par la voix du chef de la Mission des Nations unies en RDC, Martin Kobler.
Celui-ci a appelé Kinshasa et Kigali "a prendre immédiatement des mesures pour ramener la sécurité dans la zone frontière.
Le Kivu est une zone particulièrement instable d'où sont partis plusieurs conflits régionaux et où s'entrecroisent conflits fonciers et ethniques, a indiqué à l'AFP un haut-fonctionnaire de l'ONU à New York.
Selon une source militaire occidentale, il n'y a cependant "pas d'inquiétude pour le reste de la frontière à l'heure actuelle" car "il n'y a pas de mouvements de troupes" et la tension est restée localisée.
Kigali a accusé les FARDC d'avoir franchi à deux reprises la frontière en ouvrant le feu, et la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a exhorté Kinshasa "à cesser toute attaque contre le territoire rwandais".