“Never Ending Man Hayao Miyazaki” Le maître de l'animation japonaise se confie

Un créateur impénitent


A.A
Samedi 12 Janvier 2019

Rare dans ses déclarations et encore plus dans ses apparitions, le maître absolu de l’animation japonaise Hayao Miyazaki a accepté la caméra de Kaku Arakawa à son côté durant deux ans, dans son intimité et au studio Ghibli. Filmé de 2013 à 2015, à partir de ses 72 ans, Miyazaki confie son appréhension du temps qui passe et dévoile les coulisses de son travail. Touchant et passionnant.
"Never Ending Man : Hayao Miyazaki" s’ouvre par la conférence de presse donnée en 2013 par le réalisateur de "Princesse Mononoké" et du "Voyage de Chihiro" pour annoncer sa retraite, expliquent nos confrères de CultureBox qui ont l’occasion de voir le film. Même s’il a déjà fait ce type de déclaration auparavant, il jure ses grands dieux qu’on ne l’y reprendra plus et que cette fois, "c’est la bonne". "Avec l’âge, je ne parviens plus à me concentrer", confie-t-il. Mais comme l’indique le titre du documentaire, Hayao Miyazaki est un homme qui ne s’arrête jamais ("Never Ending Man").
Hayao Miyazaki est un créateur impénitent. Cela serait violence que de lui retirer, ou qu’il se retire lui-même, cette soif irrépressible de générer des univers, des personnages, de raconter des histoires. Aussitôt retiré chez lui, les idées germent et un nouveau projet prend forme : "Boro, la chenille", un court métrage de 10 mn. Kaku Arakawa le filme chez lui, seul dans son intimité, son épouse n’apparaissant jamais, mais à laquelle il rend hommage. Puis on le suit dans sa 2CV (!) au studio Ghibli, où il s’entoure d’une jeune équipe, car il veut passer pour la première fois à l’animation numérique.
Jusqu’ici réalisateur de films d’animation traditionnels, Miyazaki découvre la technique de la 3D. D’abord enthousiaste, il déchante, doute, puis reprend confiance. Il est toutefois atterré quand une équipe de jeunes concepteurs graphiques lui présente leur dernier-né et que l’un d’eux dit rêver de concevoir un ordinateur capable de dessiner, en remplacement de la main humaine. Une conception totalement à l’opposé du maître. Il faut voir son regard flottant à ce moment, comme si un monde s’écroulait devant lui.
Passionnant de voir l’homme au travail, dessinant des layouts (ébauches en animation), s’émerveillant dans l’observation d’une plante qu’il dessine, rire, mais aussi évoquer l’âge, la vieillesse et sa peur de mourir avant de pouvoir finir son film ou de le voir terminé. Il y a de la spontanéité enfantine dans sa joie communicative de créer.
Mais aussi toute la maturité d’un artiste accompli dans la quête de la précision et du détail. Kaku Arakawa a eu la grande chance de capter Miyazaki dans la large palette de son art et de sa personnalité. Et nous, celle de recevoir le résultat de ce travail. Selon l’expression japonaise, Hayao Miyazaki est un dieu vivant.

Synopsis : Le réalisateur Kaku Arakawa a suivi pendant deux ans le Studio Ghibli et Hayao Miyazaki après l’arrêt de leur activité, avec une complicité et une délicatesse qui lui ont permis de montrer le maître de l’animation japonaise tel qu’on ne l’a jamais vu. En 2013, à l’âge de 72 ans, Hayao Miyazaki, réalisateur oscarisé au sommet de sa gloire, surprend tout le monde par l’annonce soudaine de son départ à la retraite. Très vite, malgré cette décision, le maître a du mal à réfréner sa passion de toujours pour la création. Il se remet donc, dans la solitude d’un Studio Ghibli désormais réduit à sa quintessence, à explorer de nouvelles idées. Pour la première fois d’une longue carrière dédiée à l’animation traditionnelle, il s’interroge sur l’usage des nouvelles technologies. Entre le doute et l’attrait de la nouveauté, le vieux maître se laisse filmer au plus près par un réalisateur complice et ami. On découvre les coulisses du travail légendaire de Hayao Miyazaki à travers le regard intime et respectueux du réalisateur Kaku Arakawa qui nous offre une chance unique d’observer Hayao Miyazaki dans l’exercice de son art face aux nouveaux défis qu’il rencontre dans la réalisation de son nouveau film "Boro la chenille". Une oeuvre crépusculaire qui mène à une renaissance.  


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