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Naufragés ou victimes de traite humaine ?

Mystère sur la disparition de migrants vénézuéliens au large de la Colombie


Libé
Samedi 25 Novembre 2023

"On leur avait dit que c'était plus sûr", se morfond Livia Pieruzzini, dont des proches font partie des 38 personnes - dont 35 ressortissants vénézuéliens - qui ont disparu il y a un mois sur la route migratoire passant par l'île colombienne de San Andrés.
Pour aller aux Etats-Unis, le passage par San Andrés, au large du Nicaragua, permet d'éviter la redoutable traversée de la jungle du Darien et ses plusieurs jours de marche qui ont couté la vie à de nombreux migrants.

Les familles sont convaincues que leurs proches ne sont pas morts noyés dans le naufrage de leur embarcation, mais qu'ils pourraient être entre les mains de réseaux de passeurs opérant dans la région.
Elles exigent des recherches pour retrouver leur trace depuis leur disparition à San Andrés le 21 octobre.

"On est sûr qu'ils sont vivants" et qu'ils pourraient se trouver n'importe où "en Colombie, au Nicaragua ou au Costa Rica", affirme à l'AFP Mme Pieruzzini, 55 ans, depuis San Cristobal, ville frontalière de la Colombie.

Sa fille enceinte, son gendre, une petite-fille de sept ans et un neveu étaient partis de Guanare (centre-ouest) pour traverser la frontière colombienne via la ville voisine de Cucuta et se rendre à San Andrés. Ils ont payé des passeurs, dont les offres pullulent sur internet, qui présentaient ce voyage comme une option "VIP".

"Des amis leur ont dit que c'était plus sûr et plus court", explique Mme Peruzzini en pleurs.
Le voyage en bateau de 150 km entre San Andrés et l'île de Corn, au Nicaragua, est une alternative apparemment plus sûre que la traversée à pied du Darien, entre Colombie et Panama. Le reste du voyage vers les Etats-Unis se poursuit par voie terrestre.

Avec une compression du PIB de 90% en dix ans, le Venezuela traverse une crise sans précédent qui a conduit quelque 7,5 millions de personnes à quitter le pays, selon les estimations des Nations Unies.

Depuis le début de l'année, la Colombie a secouru plus de 400 migrants autour de l'île de San Andrés, dont 89 mineurs, et a procédé à 25 arrestations pour trafic d'êtres humains, a déclaré la semaine dernière le médiateur Carlos Camargo.
Le voyage coûte environ 1.500 dollars par personne à bord d'embarcations précaires, sans système de navigation.

"Ils sont exposés aux naufrages, à l'abandon et à la dérive", a alerté M. Camargo, mettant en garde contre l'augmentation du nombre de migrants qui choisissent ce tracé pour émigrer vers les Etats-Unis.
Les dernières disparitions, a-t-il souligné, montrent que "ce n'est pas une route migratoire sûre, contrôlée ou réglementée".

"Dans de nombreux cas, les migrants sont abandonnés dans les +cayos+ (petites îles) dépouillés de leurs biens. Parfois, on leur fait croire qu'ils sont au Nicaragua", a ajouté M. Camargo.

Aucune épave de bateau ni aucun corps n'ont été retrouvés. Des proches disent que les jours suivant leur disparition leurs comptes WhatsApp ont montré des connexions.
"On est désespérés (...) cette situation nous rend tous malades. On ne dort plus. C'est dur de se dire qu'en essayant de chercher une vie meilleure ils ont disparu", soupire José Gomez, 27 ans, dont une soeur et un neveu de neuf ans figurent parmi les 38 disparus.
Il affirme que des détectives privés engagés par ses parents n'ont pas reçu l'autorisation de poursuivre les recherches.

Edison Lopez, ingénieur de 44 ans, demande aux autorités colombiennes et des pays voisins d'"épuiser toutes" les options.
Mais également que "les opérateurs clandestins" qui proposent le circuit via San Andrés "fassent l'objet d'une enquête approfondie pour que cela ne se reproduise plus".


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