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Mystère autour d'éoliennes accusées de tuer des vaches


Samedi 1 Juin 2019

Mystère autour d'éoliennes accusées de tuer des vaches
Des dizaines de vaches qui meurent chaque année sans explication, refusent la traite et se comportent bizarrement... Depuis l'arrivée d'éoliennes en 2012, c'est le cauchemar dans deux élevages de l'ouest de la France, et le casse-tête pour les experts qui s'avouent désemparés.
Avec environ 250 vaches perdues depuis 2013, l'élevage de Didier et Murielle Potiron, installés depuis 1989 non loin de Nantes (centre-ouest), est l'un de ceux qui ont le plus été passés au peigne fin par les experts.
"Les problèmes ont commencé fin 2012 avec les travaux de fondation des huit éoliennes du parc de Nozay, dont l'une se trouve à 600 mètres de la stabulation", raconte Murielle Potiron, 52 ans. Baisse de la production laitière, difficultés à vêler, retards de croissance, mais aussi, dans l'exploitation voisine de Céline Bouvet, vaches qui refusent d'avancer sur une partie de la route qu'elles empruntaient pourtant quotidiennement pour aller au pré...
Les éleveurs se plaignent quant à eux de maux de tête, de douleurs aux jambes et d'insomnies. Depuis avril, ils sont suivis par un hôpital de Nantes, comme une vingtaine de riverains affirmant ressentir des troubles similaires.
"L'idée est d'objectiver la nature des symptômes que les gens signalent et de trouver une cause commune", explique à l'AFP Serge Boulanger, secrétaire général de la préfecture locale.
Les éleveurs accusent les éoliennes dont ils avaient pourtant volontiers accepté l'installation sur leur champ, et les fuites de courant électrique dans le sol.
"Notre robot de traite est au croisement de deux failles d'eau dans un sous-sol riche en fer et en étain, le tout à quelques centaines de mètres d'un câble 20.000 V enterré à 60 cm qui relie les éoliennes entre elles. Cela ne fait pas bon ménage", assure Didier Potiron, qui confie "ne pas pouvoir tenir une année de plus" et réclame un "arrêt total du parc pendant trois semaines" pour déterminer la responsabilité des éoliennes. Une hypothèse jugée trop coûteuse, l'exploitant réclamant selon lui un dédommagement de 80.000 euros par jour.
Mandatés par la préfecture en 2014, les experts du GPSE (Groupement permanent pour la sécurité électrique), association chargée de régler les problèmes électriques dans les élevages, concluent en 2017 à une "concomitance de l'installation et de la mise en service des éoliennes avec l'altération des performances et les troubles du comportement des animaux". Une étude de corrélation qui s'appuie sur les données du robot de traite établit même "clairement le lien" au moins pendant deux mois entre les incidents de traite et la production d'électricité.
Mais aucune anomalie électrique ni aucun courant parasite n'ont été détectés, ni dans l'exploitation, ni dans le parc ou les autres ouvrages électriques environnants, selon l'auteure du rapport, Arlette Laval.
Selon le réseau de distribution d'électricité Enedis, les mesures réalisées sur les ouvrages électriques basse tension à proximité des exploitations "montrent un fonctionnement normal du réseau".
"Depuis 2015, nous avons traité 18 cas lourds et l'électricité n'était pas la cause principale de dégradation de l'exploitation", renchérit le président du GPSE Claude Allo, pour qui il semble "urgent de travailler sur l'hypothèse du sous-sol dans la mesure où les troubles sont liés, comme dans deux autres cas non résolus, à des travaux qui ont perturbé le sous-sol".
Il appelle les instituts de recherche à s'intéresser au sujet. Le résultat de nouvelles études de terrain menées depuis janvier, financées par l'Etat, est par ailleurs attendu d'ici début juin. Pourquoi ce parc éolien pose-t-il problème aujourd'hui sur un territoire qui en compte 1.500 ? Alors que la France s'est fixé pour objectif d'installer une puissance éolienne de 24,6 GW en 2023 contre 15,3 GW aujourd'hui, le cas de Nozay interroge. "Depuis 2013, nous avons tout fait pour trouver des explications. Mais plus on cherche, plus les gens se disent que si on cherche, c'est qu'on pense être à l'origine des problèmes et plus on se rend responsable de ce qui se passe", estime Patrick Bessière, gérant de la société ABO Wind, qui exploite le parc pour le compte du fonds d'investissement allemand KGAL.


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