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Le Monde diplomatique célèbre régulièrement la mémoire de cet intellectuel engagé et hors pair, qui défendit ardemment la cause de son peuple, au nom d'un universalisme qui nous est familier. Chez les musiciens et les mélomanes, il est particulièrement connu pour avoir fondé, avec Daniel Barenboïm, le West-Eastern Divan Orchestra, où jouent côte à côte, depuis 2001, des instrumentistes israéliens et palestiniens. On sait généralement moins que Said a également été critique musical, tout au long de sa carrière, principalement pour The Nation, mais aussi pour le New Yorker, le New York Times ou le Washington Post ; il était lui-même un pianiste distingué. C’est en tout cas au Met (pour l’opéra) et à Carnegie Hall (pour le piano, et dans une moindre mesure, la symphonie) qu’il exerça principalement son jugement.
Une plume acerbe
au service
de la musique classique
Intellectuel de gauche, Said possède un goût exclusif pour la partie du répertoire (classique européen, cela va sans dire) qui n'intéresse pas le bourgeois, ou le provoque. Sa haine de l'opéra italien, outrageusement privilégié au Met, au détriment de l'opéra allemand notamment, est la fois réjouissante et significative. Mais en se plaignant de la routine de la vie musicale new-yorkaise, il ressemble à ces Parisiens du XVIIIe siècle, décrits par Burney, qui ne cessent de décrier leur opéra, mais s’y étouffent tous les soirs. Post-romantique, Said est modérément friand de création contemporaine mais fait ses délices des marges du grand répertoire.
Les compte-rendus de représentations, de concerts et de festivals sont extrêmement analytiques ; Said y distribue les bons et les mauvais points avec méticulosité. Cette attitude soulage le lecteur français qui pourrait croire, à ne lire que la presse musicale de notre pays, que la bouillie stylistique et les élans d’irrationalité sont le seul style possible.
Le revers de cette démarche analytique, c’est que Said a toujours l’air extrêmement négatif, même quand il semble avoir globalement apprécié un spectacle ou un concert ; il est aussi vrai qu’il peut être très cruel dans ses propos.
Mais ce qui justifie la parution de ses articles, c’est le fait qu’ils contiennent toujours un long moment de contextualisation avant le compte-rendu proprement dit. Said s’y montre très pédagogique (on ne saurait trop recommander aux non-spécialistes de Wagner son résumé du Ring !) et, la plupart du temps, engagé, y compris d’ailleurs sur des sujets qui n’ont qu’un rapport lointain avec le compte-rendu du jour – on se prend à rêver de lire des articles aussi longs et aussi libres dans les revues françaises.