
Peu de candidats de l'opposition de gauche ou nationaliste se présentant, les représentants des tribus --sur lesquelles s'appuient traditionnellement la monarchie-- devraient largement remporter ce scrutin.
Mais durant la campagne, même les candidats loyalistes ont exprimé leur colère grandissante envers le gouvernement, qui se voit reprocher de ne pas aider suffisamment les villes à supporter le poids représenté par les quelque 500.000 réfugiés syriens accueillis par le royaume.
"Notre situation était déjà mauvaise avant qu'ils n'arrivent. Maintenant, nous avons besoin désespérément d'aide et le gouvernement ne fait pas ce qu'il devrait", déplore Amer Doghmi, candidat à Mafraq, une ville du nord du pays comptant habituellement 60.000 habitants, aujourd'hui submergée par des dizaines de milliers de réfugiés.
Le gouvernement et les responsables de l'ONU ont reconnu le poids que faisaient peser les réfugiés syriens sur l'économie, alors que le pays, quasi-désertique, a des ressources en eau extrêmement limitées et dépend quasiment entièrement des importations pour l'énergie, mettant ses finances à rude épreuve.
Les Jordaniens, très affectés par ces hausses de prix, sont aussi en colère contre l'impact des réfugiés sur le marché du travail. Selon le ministère du Travail, plus de 160.000 réfugiés syriens travaillent en Jordanie, alors que le taux de chômage touche environ 14% de la population.
Selon des experts, ce ressentiment devrait se traduire par une faible participation et pourrait déclencher des troubles post-électoraux.
Les autorités ont exprimé leur crainte que le scrutin déclenche des heurts entre tribus rivales, une possibilité que confirme Mohammad Abou Roumman, du centre d'études stratégiques de l'Université de Jordanie.
Quelque 3,7 millions de Jordaniens sont inscrits pour le scrutin de mardi, visant à désigner 100 maires et 970 conseillers municipaux -- dont 297 réservés aux femmes. Trois mille candidats concourent lors de ces élections.