Mouna Taroua, la chercheuse marocaine qui ambitionne de créer des organes réalistes imprimés en 3D à partir de données IRM de patients


Hassan Bentaleb
Samedi 23 Novembre 2019

Mouna Taroua, la chercheuse marocaine qui  ambitionne de créer des organes réalistes imprimés  en 3D à partir de données IRM de patients
Ils sont 800.000 étudiants étrangers à poursuivre, chaque année, leurs études aux Etats-Unis. La qualité et la valeur du système d’enseignement supérieur américain font rêver beaucoup d'étudiants et de lycéens partout dans le monde. Un rêve qui séduit également des centaines de Marocains qui s’y rendent chaque année pour étudier et perfectionner leurs compétences. Mouna Taroua a fait partie de ces personnes en quête d’un cursus universitaire de qualité et de possibilités de spécialisation. Elle est aujourd’hui  chef ingénieur du département de conception et de fabrication en anatomie chez Lazarus 3D, une entreprise qui a remporté le prix NASA pour son 3D technologie. Elle a obtenu son diplôme en sciences et en mathématiques, puis a rejoint l'Université du Texas à Dallas pour poursuivre des études en génie biomédical. Retour sur son parcours, sur le contexte d'étude et de recherche aux Etats-Unis  et sur la population estudiantine marocaine aux USA.
Mouna Taroua a quitté le Maroc à l'âge de 17 ans, dans l’objectif de poursuivre ses études en ingénierie. Le choix des Etats-Unis a été dicté par la qualité des programmes d'ingénierie biomédicale proposés par les universités américaines. « La plupart des universités disposent de diverses installations de recherche (laboratoires spécialisés dans les prothèses, produits pharmaceutiques,  dispositifs médicaux, etc). Ceci d’autant plus que ces universités intègrent des cours de synthèse qui donnent l’opportunité de travailler en équipes interdisciplinaires pour traiter des problèmes complexes. Ce type de cours et de ressources est nécessaire pour les étudiants d’ingénierie », nous a-t-elle expliqué.  Et de poursuivre : « L'éducation et la recherche vont de pair dans les universités américaines. Toutes les universités ont divers centres de recherche, et cela fait partie de leur mission. Les expériences pratiques en dehors des cours magistraux sont essentielles pour l’avancement académique des étudiants. Ces centres de recherche et laboratoires aident aussi à acquérir les compétences dont les étudiants ont besoin pour mener à bien leur carrière. Cela leur donne une idée sur le monde réel en dehors de
l'université ».
L’intégration des chercheurs et étudiants étrangers dans ce contexte de recherche n’est pas si difficile, selon Mouna Taroua. D’après elle, lors du premier semestre à l'université et avant de s’inscrire aux cours, les étudiants devront prendre une orientation  où l’on présente les laboratoires de recherche, la manière dont les cours sont organisés et tout ce dont l’étudiant a besoin pour réussir durant ces années à l’université. « Il est très courant de voir des chercheurs renommés travailler dans des centres de recherche. En fait, la grande majorité des recherches en sciences et en génie en Amérique sont menées par des membres internationaux et des étudiants étrangers », précise-t-elle.
Concernant ses études en ingénierie, Mouna Taroua estime que ce choix était des plus naturels puisqu’il s’agit de son rêve d’enfance : « Aussi loin que je me souvienne, j'étais curieuse d’apprendre comment les choses fonctionnaient de manière précise, par exemple comment les écrans de télévision créent une image,  ou comment les airbags se déclenchent lors d’un accident, etc. », nous a-t-elle expliqué. Et de nous confier : «  Mais,  mon choix de génie biomédical a été le fruit d’une expérience amère.
Un jour,  j’étais en train de regarder un match de football quand un joueur a perdu connaissance et  avalé sa langue s‘obstruant ainsi les voies respiratoires.
Je me souviens très bien d'avoir eu une conversation avec mon père suggérant  un éventail d'idées qui auraient pu prévenir le malheureux accident. J’étais stupéfaite que personne n’ait pu trouver de solution et là mon père a répondu : "Tu viens d’y penser à plusieurs. Alors trouve un moyen d’en créer une et c’est là que j’ai su que je voulais devenir ingénieur biomédical.
Aujourd’hui, elle veut avoir l’opportunité de mettre son savoir au service de son pays le Maroc afin de changer la vie des gens en créant des organes réalistes imprimés en 3D à partir de données IRM de patients. Cela permet aux chirurgiens de simuler les opérations et d’évaluer les résultats/risques d’une vraie opération. " Est-il encore valide en 2019 que les médecins résidents pratiquent sur un poivron pour apprendre à retirer un kyste de l'utérus de la femme ? Il est important de disposer de modèles pré-opérationnels pour les cas de chirurgie compliquée afin que les médecins puissent opérer le patient en ayant le maximum d’informations et le moins de surprises", nous a-t-elle expliqué. Selon elle, la plupart des produits sur le marché sont fabriqués en plastique, qui est adéquat pour montrer l’anatomie humaine, mais qui l’est moins pour une formation pratique. Excellente matière pour enseigner l'anatomie humaine, mais absolument pas appropriée pour les exercices pratiques. A ce propos, elle cherche des collaborations avec des médecins et des universités médicales afin d’assurer la meilleure formation médicale pour les futurs médecins marocains.
"Dans le domaine de l’aviation, des simulateurs sont utilisés pour imiter la sensation de vol afin que les pilotes puissent s'exercer aux différentes fonctions, les médecins devraient avoir accès à cette fonction également.
Il est très important d’avoir des prototypes d’anatomie humaine pouvant être coupés, saignés et suturés afin que les médecins puissent opérer en toute confiance", a-t-elle conclu.



 


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