Quelque 10.000 personnes, en majorité des Tatars, ont été déplacées en Ukraine, a averti mardi le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme (HCR) qui souligne que les déplacements ont commencé avant le référendum de mars sur la Crimée.
"La majorité des déplacés sont des Tatars, bien que les autorités locales aient aussi fait part d'une récente augmentation concernant l'enregistrement de personnes d'ethnie ukrainienne, russe et de familles mixtes", a précisé le HCR dans un communiqué. La Russie de Vladimir Poutine a donné des signes d'apaisement à l'approche de la présidentielle du 25 mai en Ukraine, mais a émis suffisamment de réserves pour ne pas cautionner un vote qui renforcerait le pouvoir prooccidental de Kiev.
"La Russie ne va pas reconnaître ces élections", estime Nikolaï Petrov, professeur à la Haute école d'économie de Moscou. "La Russie ne sera satisfaite qu'avec une sorte de contrôle sur l'Ukraine toute entière, ou sur l'Est" du pays.
Le Kremlin avait à l'origine rejeté l'élection présidentielle anticipée, organisée après la destitution du président prorusse Viktor Ianoukovitch, à l'issue de trois mois d'une contestation prooccidentale qui s'étaient achevés dans un bain de sang à Kiev. Après le rattachement de la péninsule ukrainienne de Crimée à la Russie en mars, des insurgés prorusses ont pris le contrôle de certaines régions de l'est de l'Ukraine, suscitant une intervention des forces loyalistes ukrainiennes, et permettant à Moscou de mettre en doute la légitimité d'une élection tenue "au son du canon".
Tout en maintenant des réserves et en se gardant de dire s'il reconnaîtrait le résultat du scrutin, le président Vladimir Poutine a adopté dernièrement un ton plus conciliant, admettant que le scrutin pouvait aller "dans le bon sens".
Les experts l'ont interprété comme un changement de ton relevant d'une tactique visant notamment à éviter de nouvelles sanctions occidentales qui pourraient toucher non plus quelques hauts responsables mais certains secteurs de l'économie russe.
La conjoncture économique est en effet mauvaise pour la Russie, entrée en récession selon le Fonds monétaire international (FMI), qui prévoit des fuites de capitaux de 100 milliards de dollars (73 milliards d'euros) sur l'année et la chute des investissements dans un climat d'incertitude.
"Il y a le sentiment que l'Europe ne souhaite pas imposer de plus graves sanctions à la Russie, et Poutine voulait donner un argument à ceux qui s'opposent aux sanctions", remarque Maria Lipman, analyste au Centre Carnegie, à Moscou. "Cela ne veut pas dire que la Russie soutient l'élection en Ukraine... C'est une concession mais elle ne fait que peu de différence".