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Rencontré par l'AFP au printemps au Festival de Cannes (projection hors-compétition), Brett Morgen détonne, faisant écouter sur son téléphone, et chantant par-dessus, un titre de Bowie pour répondre à une question, suscitant les regards interloqués de festivaliers et touristes assis non loin. Le cinéaste a également fait le show lors de la montée des marches à la séance de minuit du festival, dansant désarticulé lorsque les DJs chargés de la bande-son du tapis rouge ont passé "Let's dance", plus grand succès commercial de Bowie.
Il était aussi entré dans la salle de projection en levant les poings à la façon de Sylvester Stallone dans la scène de footing culte du premier "Rocky". "Il ne faut pas s'attendre à du classique, il n'y a pas de début, milieu, fin", avait-il prévenu avant la projection. Oubliez les formats traditionnels avec des experts ou proches de l'interprète de "Heroes" filmés dans des studios d'enregistrement.
Ici, on entend et on voit seulement Bowie parler, avec des archives inédites (notamment ses tableaux) qui ne sont pas réparties chronologiquement mais par thèmes (le processus de création, l'art et l'argent, etc.). Le spectateur vit ce qui se rapproche d'une "expérience immersive, comme dans un planétarium", selon les mots de Brett Morgen, à qui la succession de l'icône pop a permis d'accéder à plus de 5 millions de fichiers-documents. Plus de cinq ans de travail ont été nécessaires pour arriver au film.
Le titre du documentaire n'a pas été choisi au hasard. C'est un des morceaux de "The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars", disque culte sorti il y a 50 ans. "Moonage Daydream" est une chanson-carte de visite cryptique du plus célèbre double de Bowie: "Je suis un alligator/(...)Je suis l'envahisseur de l'espace".
L'artiste-caméléon a "énormément compté à plusieurs périodes de ma vie", expose le cinéaste. "D'abord à 11-12 ans, dans la puberté, quand je l'ai découvert, c'était puissant à un moment où je voulais être moi, pas mes parents". Il l'a ensuite rencontré dans les années 2000 pour un projet. "Ce n'était pas le moment pour lui, Dieu merci, car je n'étais pas encore là où je devais être pour un film sur Bowie (rires)".
A la mort du créateur en 2016, il était prêt, notamment à faire exploser le cadre du documentaire. Un des responsables du legs de Bowie lui confie alors "que David a collecté et préservé ses archives". "Pas pour un travail traditionnel mais davantage pour une plongée immersive comme celle que je visais".
Puis, le cinéaste aujourd'hui quinquagénaire a une attaque cardiaque et tombe dans le coma. Rétabli, "la philosophie, les mots, l'art de Bowie" ont résonné plus que jamais en lui. "La mort, la réincarnation, Bowie en parlait dès le début, comme dans le morceau +Silly Boy Blue+", insiste-t-il. "Moonage Daydream" perd parfois son spectateur avec les considérations du musicien sur l'espace et le temps. Mais le documentaire fait mouche quand Bowie dévoile des pans de son approche artistique. On aurait pu craindre une hagiographie contrôlée par les ayants droit. Mais les images d'un Bowie aux joues creuses et aux reniflements insistants témoignent des périodes noires des addictions. Et une séquence avec un célèbre soda, sponsor d'une tournée et à l'origine d'une publicité avec Bowie et Tina Turner, met l'artiste face à ses contradictions sur l'art et l'argent.