
L'ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), lauréat du prix Nobel de la paix, reproche aux Frères musulmans au pouvoir d'exclure toutes les autres forces politiques des décisions et de créer ainsi une situation de blocage plus de deux ans après la révolution qui a renversé Hosni Moubarak.
L'instabilité politique et la montée de l'insécurité font peur aux touristes et aux investisseurs étrangers, faisant plonger les réserves de devises du pays, cruciales pour payer les importations de blé et de pétrole subventionnés.
"Le succès ou l'échec dépend désormais du consensus politique, car s'il n'y a pas de consensus, il n'y a pas de stabilité", a déclaré Mohamed El Baradei lors d'une interview accordée à Reuters et AP dans sa villa du Caire.
"Sans stabilité, l'économie ne fonctionne pas, et si l'économie ne fonctionne pas, cela se termine avec des gens affamés et en colère."
Le gouvernement négocie depuis des mois avec le FMI l'octroi d'un prêt de 4,8 milliards de dollars que Mohamed El Baradei juge vital pour l'économie égyptienne.
Les conditions politiques ne semblent guère favorables à l'octroi d'un tel prêt, mais les pays occidentaux, principaux contributeurs, soulignent qu'un consensus permettrait de mettre en œuvre plus facilement les réformes structurelles réclamées par l'institution monétaire.
Le Front national de salut (FNS), l'alliance de l'opposition dont Mohamed El Baradei est l'un des chefs de file, a posé trois conditions pour dialoguer avec le président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, et participer aux prochaines élections législatives: mise en place d'un gouvernement "neutre et crédible", nomination d'un procureur général indépendant et élaboration d'une nouvelle loi électorale. Mais les islamistes ont jusqu'à présent fait la sourde oreille. "Ils ont tracé une ligne dans le sable, ce qui ne nous aide pas vraiment".