L’ artiste brésilien de 79 ans est l’ auteur d’ un disque engagé et convaincant

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“Il était temps”, s’est enthousiasmé Caetano Veloso dans un entretien accordé au quotidien français Libération. Difficile de le contredire, tant sa voix de velours et son doigté ajusté sur la guitare, qui lui donne une allure de jeune homme malgré son âge avancé, ont manqué à nos tympans et à nos âmes. Le chanteur n’a rien perdu de sa superbe ni de son engagement politique. Deux fortes tendances qui transpirent de son disque, dont les titres nous laissent penser qu’ils auraient pu aussi bien être écrits hier, comme vingt ans en arrière. “En décembre 2019, la chanson Meu Coco est apparue dans ma tête, et j’ai tout de suite senti que j’avais là le début d’un album complet. Il suffisait de me laisser aller”, révéla-t-il dans ledit entretien.
Le compositeur et interprète brésilien à la discographie exceptionnellement dense, n’a pas changé de formule avec le temps. Il s’est bonifié sans donner la fâcheuse impression de se répéter. Ses chansons sont composées d’une myriade de sonorités, qui, prises une à une, semblent familières (nuances bossa, arrangements jazz, éclairs pop…) mais dont la somme offre un stupéfiant mélange et une foisonnante ambiance. Le tout drapé d’une forte connotation politique. Non seulement sur la question du racisme, mais aussi au sujet de ce qu’il considère comme l’un des plus grands dangers pour l’humanité : le pouvoir accru des Gafam, depuis l’avènement de la pandémie de Covid-19.
L’artiste, né à Santo Amaro da Purificação dans l’Etat de Bahia, avoue ne pas se leurrer sur certains aspects politiques de ce monde et l’importance des réseaux sociaux forçant le retour à un temps qu’il pensait révolu. “Tous ces réseaux sociaux ont permis l’émergence de sinistres clowns qui sont devenus des leaders politiques dangereux pour l’idée commune de la démocratie. C’est toute la contradiction inhérente aux médias sociaux, des avancées technologiques qui ont permis cette vague d’ultra droite venue du pire passé”, s’est-il offusqué en ciblant des dirigeants comme Trump, Orban ou Bolsonaro.
S’il affirme «moi-même, je ne suis pas un grand utilisateur des réseaux sociaux qui, pour tout vous dire, sont assez ennuyeux et difficiles à suivre”, Caetano Veloso n’est pas sans ignorer l’importance capitale des GAFA pour sa condition d’artiste : “Je ne les regarde pratiquement jamais, mais c’est un passage obligé pour les artistes, afin de maintenir un lien avec le public et faire la promotion, j’en profite aussi pour relayer mes points de vue”. Des points de vue souvent justes, lucides et sans concession sur les réalités de ce monde, à l’image de son nouvel opus, disponible sur toutes les plateformes streaming. Album qui réussit la prouesse de nous triturer les méninges aussi bien au sujet du monde d’aujourd’hui que celui d’hier, tout en nous envoyant au septième ciel musical.