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Même si l’Espagnol Inditex lui apporte une bouffée d’oxygène : La survie du textile marocain est dans la co-traitance


Mohamed Kadimi
Lundi 4 Janvier 2010

Même si l’Espagnol Inditex lui apporte une bouffée d’oxygène : La survie du textile marocain est dans la co-traitance
En annonçant son intention d’accroître sa commande au Maroc de 60 à 100 millions de pièces par an, Inditex, le groupe espagnol de textile, propriétaire entre autres de la chaîne de magasins de vêtements Zara, première en Europe, semble permettre aux textiliens marocains d’entamer l’année 2010 sous de bons auspices. Cette confiance démontre, cependant, que le secteur marocain du textile est, non seulement malade, mais sérieusement menacé dans son existence. Alors qu’il est question de développer le secteur de l’amont à l’aval, les professionnels, hormis quelques-uns, hypothèquent davantage  leurs entreprises, et avec elles toute la profession, à la sous-traitance basique. Conséquences : une soumission totale aux aléas des marchés traditionnels et une perte continue en compétitivité et en parts de marché.
Certes, la crise financière et ses retombées économiques ont été néfastes à plus d’un titre. Toutefois, le textile marocain traîne sa crise depuis des années. Des accords ont été signés avec les pouvoirs publics pour sa mise à niveau, mais la situation n’a cessé de  s’aggraver d’année en année à tel point que l’incertitude l’emporte désormais sur tous les discours optimistes.  Les statistiques de l’Office des changes relatives aux 11 premiers mois de l’année 2009 confirment ce constat. Les exportations marocaines en vêtements confectionnés ont chuté de 5,6% tandis que les articles de bonneterie ont baissé de 2%.  Le secteur textile et cuir assure, à lui seul, 40% des emplois industriels, contribue à hauteur de 13% au PIB et représente près du quart des exportations. Cependant, le bilan de ces dernières années est des plus alarmants. En 2008 et 2009, le secteur aurait licencié massivement et nombreuses sont les sociétés qui font tourner leurs machines en deçà de leur capacité réelle. Depuis 2006, il a bénéficié d’une fenêtre de sursis stratégique grâce à la réinstauration des quotas sur les produits chinois, et au positionnement réussi du Maroc sur le segment du fast fashion, à travers le développement de la sous-traitance. Toutefois, les résultats sont mitigés et dénotent que le textile-habillement vit une crise profonde. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs, le Pacte national pour l’émergence industrielle avait préconisé une série de mesures ayant pour objectif de le développer pour qu’il contribue réellement au développement économique du pays. La feuille de route proposée par Ahmed Chami constitue toujours un bon début. Mais tout dépendra de la réactivité des industriels et des professionnels du textile. Le diagnostic actuel prouve que les contrats-programmes signés auparavant entre l’Etat et la profession n’ont pas permis au secteur de sortir de sa léthargie.   A l’export, il y a dépendance à l’égard de deux pays (la France et l’Espagne représentant plus de 60% de nos exportations) et de quelques donneurs d’ordre (ex. leader espagnol du segment fast fashion représentant 15-20% des exports du Maroc). Le textile reste également majoritairement composé d’acteurs de petite taille (chiffre d’affaires moyen de 15 millions de dirhams) et où prédomine le business model de la sous-traitance (60-70% du CA). A cela s’ajoute l’indisponibilité d’intrants sur le marché national (tissus et accessoires) freinant l’évolution de l’offre et érodant les avantages comparatifs du Maroc en termes de délais ainsi que la concurrence importante du secteur informel, freinant le développement du marché national. L’impact du programme en question est censé pérenniser avant tout et stabiliser le tissu actuel estimé à 200.000 emplois et 9,6 milliards de PIB, sur un marché international très concurrentiel, et d’autre part, explorer le potentiel de croissance supplémentaire estimé à 1 milliard de dirhams de PIB et la création d’environ 32.000 nouveaux emplois directs à l’horizon 2015.
Pour ce faire, les parties prenantes se sont accordées sur la nécessité de mettre en place diverses initiatives. Celles-ci concernent la mise en œuvre d’un plan de développement des débouchés à l’export, d’un programme d’adaptation des acteurs et d’un plan de développement agressif sur le marché national. A cela s’ajoute le dispositif de modernisation des entreprises du secteur, un programme de formation adapté au secteur ainsi qu’un plan pour l’amélioration des conditions-cadre du secteur.
Dans le cadre de la stratégie nationale de développement et de promotion des exportations, les intervenants avaient reconnu la nécessité de développer une approche de portefeuille priorisée autour de 3 segments de produits, à savoir le développement des segments du fast fashion et du prêt-à-porter mode, la conquête de parts de marché sur le jean et le sportswear autour d’une expansion géographique (priorité sur l’UE, en particulier Italie et Europe du Nord), ainsi que le développement de produits de niche en priorité vers l’UE autour de 3 nouveaux segments : lingerie, textile de maison et chaussure.
Le plan de développement et de promotion des exportations, réalisé par le ministère du Commerce extérieur  est axé, quant à lui, sur les actions de promotion. Dans ce cadre, l’Etat s’engage à mettre en place un plan de promotion agressif des exportations textile et cuir en coordination avec les professionnels. Cette stratégie vise à intensifier la promotion vers les grands donneurs d’ordre européens dans chacune des 3 catégories de produits ciblées. Il s’agit essentiellement des segments du fast fashion et du prêt-à-porter mode : intensification de la promotion vers les 100 donneurs d’ordre prioritaires en particulier les marques et les grands réseaux de distribution (notamment les grandes surfaces spécialisées dans l’habillement). En ce qui concerne le segment du jean et du sportswear, il y aura focalisation de l’effort promotionnel sur les 30 marques européennes spécialisées dans le jean et sportswear et sur les grands réseaux de distribution (notamment les grandes surfaces spécialisées dans l’habillement). Pour ce qui est des segments lingerie, textile de maison et chaussure, l’objectif consistera à intensifier la promotion auprès des 50 marques spécialisées dans chaque segment, afin de favoriser l’émergence de 5 agents de sourcing pouvant agréger les entreprises marocaines encore focalisées sur la sous-traitance. Pour favoriser la disponibilité des intrants (tissus et accessoires), l’Etat s’engage à favoriser l’implantation de 15 plateformes d’approvisionnement et de 5 nouvelles unités de finissage sur les métiers clés (teinture, imprimerie). En parallèle des initiatives à l’export, il est primordial d’intégrer le marché national dans la vision globale. Avec un potentiel de  croissance estimé à 60% à horizon 2015.
Malheureusement, cette approche ne fera que pérenniser la crise et anesthésier les professionnels. En somme, la survie du textile marocain est à trouver désormais dans la co-traitance et non dans la sous-traitance qui justifie le manque de visibilité dont souffre ce secteur d’activité. 


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