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Meeting de l’USFP devant la prison de Derb Moulay Chérif à l’occasion de la Journée de la fidélité

Driss Lachgar : Restons fidèles à la mémoire de tous nos martyrs à travers celle de Mehdi Ben Barka


Libé
Jeudi 31 Octobre 2013

Meeting de l’USFP devant la prison de Derb Moulay Chérif à l’occasion de la Journée de la fidélité
Voici le texte du
discours prononcé mardi 29 octobre 2013 par le Premier
secrétaire de l’Union socialiste des forces
populaires,
Driss Lachgar,
à l’occasion de la
Journée de la fidélité.


“Chers camarades,
Mesdames et Messieurs;

En ce jour où nous sommes réunis pour commémorer le 48ème anniversaire de l’enlèvement et l’assassinat de Mehdi Ben Barka, il est de notre devoir de rester fidèles à la mémoire de tous nos martyrs à travers celle de Mehdi Ben Barka.
La vraie fidélité est celle qui s’attache à l’intégralité de notre histoire, en évoquant la symbolique et la lutte de tous les martyrs ittihadis, qui ont payé de leur sang le Maroc de la dignité et de la liberté.
Nous avons décidé de consacrer chaque année la mémoire de l’assassinat du martyr Mehdi Ben Barka pour célébrer la Journée de la fidélité à tous les martyrs ittihadis sans exception.
Il est nécessaire de se souvenir aujourd’hui des résistants et de la mémoire de tous les dignes militants qui ont animé les cellules du mouvement ittihadi, y compris ses affluents chez les organisations d’ouvriers, d’agriculteurs et d’étudiants.
Ces martyrs dont nous tirons, aujourd’hui, les meilleures leçons morales et de militantisme, ces martyrs qui ont chacun incarné à travers son militantisme et leur martyre l’épopée de la lutte ittihadie enracinée dans le mouvement de libération populaire, et qui s’est prolongée dans la lutte pour la démocratie.
Cette Journée de fidélité est l’occasion de se souvenir de tous les membres du parti qui furent enlevés, ceux dont le sort  reste à ce jour inconnu, à commencer par Mehdi Ben Barka, Houcine El Manouzi, Mohamed Bennouna. Et ceux qui n’ont pars survécu aux centres de détention à Tagounite, Akdez, aux commissariats de Derb Moulay Cherif, et Kourbis et le commissariat de Maarif et Dar El Meqri. Ceux décédés dans leur exil en Algérie ou en France, alors qu’ils tentaient d’échapper aux poursuites des services de sécurité, aux condamnations à mort ou à perpétuité. Et enfin ceux exécutés lors des procès du soulèvement de Mars 1965, des jugements de 1973 et 1974 tel que le martyr Omar Dahkoune.
Au nom de vous tous, présents aujourd’hui avec nous dans cette Journée de fidélité, ou absents mais toujours fidèles à la mémoire de nos martyrs, et au nom de toutes les générations des Ittihadis, je me recueille en hommage à tous les martyrs ittihadis, exhortant Dieu de leur accorder sa miséricorde et son pardon.
Au nom de vous tous, je transmets nos hommages à tous les veufs, les orphelins et les endeuillés et l’ensemble des familles des martyrs, et nous leur promettons que nous allons garder dans notre mémoire collective leurs sacrifices, que nous allons nous inspirer de leur foi et de la sincérité de leur engagement et veiller à transmettre leur message aux nouvelles générations ittihadies.
Nous avons décidé au sein de la direction de l’USFP d’organiser cet événement : la Journée de fidélité aux martyrs du mouvement ittihadi, car nous nous sommes sentis redevables à ces martyrs qui méritent reconnaissance et fidélité et responsables de les sortir tous, un à un, de notre inconscient collectif, vers notre conscience ittihadie. Et quelle meilleure façon de marquer notre fidélité à leur égard, que d’intégrer leur réussite et leurs échecs dans notre identité politique.
Aujourd’hui, nous commémorons les âmes pures des centaines de martyrs ittihadis qui se sont sacrifiés en silence et en toute abnégation. Des centaines de martyrs dont leur dernier souffle a expiré dans les centres de détention secrets et dans l’obscurité des cellules. Des centaines de martyrs qui sont tombés par les balles de l’oppression et les poignards de la trahison. Des centaines de martyrs qui se sont sacrifiés pour la liberté et qui ont défendu leur conviction pour le Maroc et la liberté.
Mes chers camarades,
Nous ne pouvons pas nous réunir aujourd’hui pour la fidélité aux martyrs et aborder leur mémoire sans évoquer l’expérience de l’Instance équité et réconciliation. Nous devons nous rappeler que quand Sa Majesté le Roi Mohammed VI a pris l’initiative de créer un organe de justice et de réconciliation en janvier 2004, il a voulu qu’il « veille au règlement juste,  équitable et définitive » du dossier des  exactions passées, en révélant la vérité et en assurant justice pour les victimes, et la préparation d’un rapport final qui puisse mener à la réconciliation nationale et la clôture définitive de ce dossier.
Au sein de notre parti, nous avons adopté une position à l’égard de cette instance et de son travail pour deux considérations principales :
- La première considération s’impose du fait de l’épreuve historique que notre parti a subie dans sa lutte pour la démocratie et les droits de l’Homme et qui lui a coûté la vie de ses leaders les plus emblématiques et de centaines de ses militants ;
- La deuxième considération est basée sur notre conviction que la justice de transition constituait la méthode adéquate pour clore cette page douloureuse et honteuse de notre histoire.
Ainsi nous avons adhéré à cette solution de l’équité et de la réconciliation, car elle nous semblait être le fruit même de notre lutte et de notre résistance.
En effet, depuis le début des années quatre-vingt dix du siècle dernier, l’Etat a lancé plusieurs initiatives dans le sens de l’ouverture politique et de l’élargissement des libertés publiques et des droits individuels. Le moment fort de cette évolution a été la formation du gouvernement d’Abderrahmane El Youssoufi, ce qui a créé un climat de confiance et donné des possibilités sans précédent d’ouvrir les dossiers de violations flagrantes des droits de l’Homme des années de plomb, et de se pencher sérieusement sur leur résolution avec la plus grande audace et transparence.
Nous avons, néanmoins, abordé le travail de l’Instance équité et réconciliation dans le sens de la continuité et la progression et non dans celui de la coupure et la fondation. Cette instance est un pas dans le sens d’un long cheminement qui n’exclut pas que le développement démocratique de notre pays puisse engendrer à l’avenir des formules plus avancées pour la découverte de la vérité et la préservation de la mémoire.
Notre martyr Mehdi Ben Barka, comme beaucoup de grands leaders politiques de notre monde, avait un rêve et un projet pour la construction d’un Etat moderne et fort avec une société moderne et solidaire.  Ce rêve, il n’a jamais pu le mettre à exécution, puisqu’il a rapidement été exclu du cercle  de décision : d’une part il a été exclu du gouvernement d’Abdallah Ibrahim en décembre 1958, et d’autre part le Conseil consultatif qu’il présidait fut dissolu en avril 1959.
Pour rappel, ce Conseil a été une première étape dans le sens de l’option démocratique au Maroc, et la participation des citoyens dans la gestion des affaires publiques par les représentants de la nation. Et en dépit de son rôle consultatif, ce Conseil était semblable à bien des égards aux assemblées parlementaires. Et par conséquent, nous nous adressons aux présidents des deux Chambres du Parlement afin d’intégrer le Conseil consultatif national dans l’histoire de l’institution parlementaire marocaine et de considérer Mehdi Ben Barka comme le premier président de cette institution.
Dans l’attente du jour où l’on pourra connaître la vérité sur les circonstances de l’enlèvement et de l’assassinat du martyr Mehdi Ben Barka, et toujours pour atteindre notre objectif de révéler toute la vérité sur les années de plomb, nous avons décidé de contribuer à la réécriture d’une partie importante de l’histoire moderne du Maroc à travers l’écriture de l’histoire du mouvement ittihadi, qui a été entachée de beaucoup d’ambiguïtés, de choses inexactes et de demi-vérités».


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