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Makassib.ma décline sa marque de fabrique : La communication politique «à la marocaine» est née


Par Boubker TAOUFIK
Lundi 19 Septembre 2011

Le marketing politique « à la marocaine » est bien né. Et l'Histoire écrira, peut-être,  que Abbas El Fassi, chef de gouvernement, est l'initiateur de ce web alternatif en vue de « s'adresser directement aux concitoyennes et concitoyens par le biais de ce moyen qu'affectionnent particulièrement les jeunes ».
Jamais un site Internet n'aura suscité autant d'intérêt et de questions que Makassib.ma : webcampagne ou webcitoyenneté? Le site gouvernemental vise-t-il réellement l'enrichissement et la modernisation de la vie démocratique ? Correspond-il à une logique du désespoir ? Contourne-t-il vraiment le filtre des médias traditionnels et pourquoi? Respecte-t-il la frontière entre le public et le privé ? Est-ce un show-room d'information ou de communication pour ne pas dire de propagande électorale ? La conception du site a-t-elle été précédée par une étude du « marché électoral » ? La forme choisie correspond-elle aux réalités et besoins d'une cible mal définie?
L'analyse technique/qualité/accessibilité la plus superficielle déterminera les failles, incohérences et insuffisances de l'opérateur qui devait, certes, résoudre une des équations les plus complexes : vendre un bilan trop technique à un électeur  à considérer comme consommateur de produits politiques indigestes. Et puis les praticiens de la communication et du marketing politique confirmeront que l'absence d'analyses sophistiquées de l'électorat retardera inéluctablement une modernisation de la vie démocratique au Maroc et que le web ne jouera pas cette fois un rôle très prépondérant dans la campagne médiatique attendue par tous les Marocains.
Et puis, il y a l'excès de chiffres et de mots techniques qui font perdre les repères voire éveillent la méfiance d'un « webcitoyen » familier des instrumentalisations des statistiques. Doit-on comprendre que le contenu avait été conçu initialement pour les spécialistes, journalistes et les militants avertis? A-t-on réfléchi  à la réaction des adversaires politiques ? Ce qui suppose  des questions sur les vocations réelles de cette vitrine virtuelle de la coalition gouvernementale.Une des vocations, avouée ou pas, est, sans doute,  de dynamiser des troupes « touchées par l'esprit 20 février », à travers un site partisan visant aussi à mobiliser, informer, rassurer et former les militants relais et recruter ou rallier de nouveaux militants. Cet e-militantisme permettrait ainsi de proposer/disposer d'un produit marketing afin d'obtenir la caution des électeurs, et par là, de susciter leur vote le 25 novembre 2011.  En fait, nous avons un gouvernement qui blogue à travers un site, véritable profession de foi,  un outil d'information, de communication et surtout de prospection électorale.
On pouvait espérer plus de professionnalisme et d'ouverture. Le visiteur se sent frustré par l'absence de forum, sondage ou questionnaire… Le site ne propose aucun espace contributif et de débat actif. Nous sommes malheureusement dans une communication unidirectionnelle entre un gouvernement émetteur et un « citoyen » récepteur passif. Or pour moderniser le débat et pour séduire et façonner une opinion publique assez volatile et désintéressée de la politique, l'émergence d'une communication politique doit être impérativement accompagnée d'une vraie liberté d'expression en considérant l'internaute comme acteur de la vie civique.
Au lieu de basculer dans une communication politique impliquant paradoxalement une « opposition », le gouvernement aurait pu opter plutôt pour une communication publique en vue de combler le déficit de légitimation de la politique, moderniser sa relation avec les citoyens pour aboutir à un « agir ensemble » dans un espace de transparence et de participation et, surtout, instaurer une nouvelle image du gouvernement version Constitution 2011. Et ce tout en laissant aux partis de la coalition le soin de valoriser ou vanter « les acquis » et expliquer clairement les alliances contre nature qui déroutent et détournent les Marocains des urnes. En somme, Makassib.ma rate l'effet proximité ambitionné et la modernisation du débat politique au Maroc restera à venir : sauf si l'«opposition du scrutin du 25 novembre » arrive à saisir  cette opportunité exceptionnelle offerte, très maladroitement,  par le gouvernement El Fassi.


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