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Les violences s’installent en Syrie: Guerre d’usure entre le régime et les rebelles


Libé
Lundi 27 Août 2012

Les violences s’installent en Syrie: Guerre d’usure entre le régime et les rebelles
Ce devait être «la mère de toutes les batailles» en Syrie, mais la lutte pour Alep est désormais entrée dans son deuxième mois et les rebelles comme l’armée se disent prêts à une longue guerre d’usure pour la deuxième ville du pays.
«Nous n’avons pas assez d’armes et (les forces du régime) n’ont pas assez d’hommes», résume Abou Haidar, un combattant rebelle du quartier de Seif al-Dawla, dans le sud-ouest de la ville, où se sont concentrés beaucoup des combats.
Au moins 200.000 personnes ont fui la ville depuis que le conflit a gagné Alep, une métropole de 2,5 millions d’habitants à l’industrie et au commerce longtemps florissants mais où la guerre a tracé un sillage de destructions, avec ses bâtiments bombardés et ses boutiques fermées.
«C’est une longue guerre. Chaque partie veut régler ses comptes, mais c’est une guerre d’usure qui va durer, avec des bombardements et des combats tous les jours», estime Rami Abdel Rahmane, chef de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), basé en Angleterre mais s’appuyant sur un réseau de militants et de témoins à travers la Syrie.
Certains commandants rebelles se disent conscients que même si l’Armée syrienne libre (ASL), une coalition hétéroclite de déserteurs et de civils ayant pris les armes, prend le contrôle de la ville, ils resteront toujours sous la menace de l’armée de l’air, à la force de frappe nettement supérieure.
Le président «Bachar Al-Assad est comme un animal blessé maintenant. Alors je ne m’attends pas à ce que lui ou son armée agisse de manière logique», explique Abou Mohamed, qui dirige une petite brigade rebelle près de la Citadelle d’Alep. Ancien soldat qui avait obtenu l’asile politique en Belgique il y a trois ans, il est revenu l’année dernière pour participer à la rébellion. «Il m’arrive de penser qu’il veut que nous prenions la ville afin de pouvoir ensuite l’encercler et nous affamer. Il pourrait alors attendre, essayer de nous isoler et espérer que nous fassions des erreurs, que les civils se retournent contre nous», ajoute-t-il.
Mardi, Abdel Jabba al-Okaidi, un haut responsable de l’ASL à Alep, a assuré que les rebelles contrôlaient plus de 60% de la ville, ce qu’une source au sein des services de sécurité à Damas a qualifié de «totalement faux».
D’autant plus que jeudi, des habitants ont affirmé que l’armée avait repris trois quartiers chrétiens au cœur de cette ville essentiellement sunnite, dont le contrôle semble essentiel tant pour le régime que pour l’opposition.
Selon la source de sécurité à Damas, les rangs des rebelles ne cessent de croître mais manquent cruellement d’armes, en particulier parce que l’aviation a détruit de nombreuses caches.
L’armée essaie de placer ses chars et ses hommes dans les principales rues pour isoler les quartiers les uns après les autres puis de «purger» chaque zone, explique cette source. «Cela prend beaucoup de temps».
Selon Amnesty International, les conséquences de ces combats sont «atroces» pour les civils, avec de très nombreuses victimes tuées ou blessées chez elles ou en faisant la queue pour acheter du pain.
Les hommes d’Assad contrôlent pour l’instant la Citadelle, une ancienne forteresse au coeur de la vieille ville, mais les combattants rebelles encerclent cette zone et harcèlent les soldats.
Pendant des semaines, les rebelles se sont préparés à une puissante offensive terrestre de l’armée pour reprendre la ville, mais elle n’est jamais venue. Pour certains commandants, c’est à cause de l’exemple d’Azaz, à une quarantaine de kilomètres au nord d’Alep, près de la frontière turque.
Les forces gouvernementales ont lancé en février un vaste assaut contre cette ville rebelle de 70.000 habitants, mais après des mois de combats, l’ASL en a repris le contrôle fin juillet.
«L’armée d’Assad avait préparé une grande offensive terrestre mais quand est venue l’heure de combattre, les soldats étaient divisés et se sont battus entre eux», assure Abdallah, qui a déserté il y a un an pour rejoindre la rébellion.
«Maintenant, Assad sait qu’il ne peut pas faire confiance à ses propres hommes s’il veut envoyer des troupes au sol. La bataille d’Azaz s’est jouée à une échelle relativement petite, mais s’il déploie 20.000 hommes pour attaquer Alep et que la même chose se produit, imaginez les conséquences», ajoute-t-il.
«C’en serait fini de sa crédibilité, l’armée entière ferait défection et le régime s’écroulerait», insiste-t-il.



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