Les violences en Centrafrique, surtout dans le Nord du pays, "entravent le déploiement de l'aide humanitaire destinée à des populations qui souffrent déjà d'un manque criant d'assistance", a averti vendredi Médecins sans frontières (MSF).
"La présence de groupes armés en déroute et l'accroissement du chaos dans le pays, y compris dans la capitale, Bangui, ont conduit à une escalade de l'insécurité qui expose les populations et les organisations humanitaires internationales à la violence", explique MSF dans un communiqué.
Selon MSF, "les équipes MSF travaillant dans les villes de Boguila, Kabo, Ndélé (nord) et dans le camp de M'Poko, situé à l'intérieur de l'aéroport international de Bangui, ont été victimes de nombreuses intrusions armées et de vols".
"Que ce soit à proximité ou à l'intérieur des hôpitaux où elles travaillent, les équipes MSF sont régulièrement confrontées à des incidents de sécurité violents", poursuit le communiqué.
Récemment, "quatre incidents graves" à Kabo, "ont contraint MSF à réduire ses activités médicales", ce qui a "des conséquences désastreuses pour plus de 50.000 personnes vivant dans la région", déplore Sylvain Groulx, chef de mission MSF, cité dans le texte.
"Les civils sont pourchassés, tués, et des centaines de milliers de déplacés et de réfugiés ne reçoivent pas une aide suffisante", témoigne Sylvain Groulx.
"A plusieurs reprises, MSF a demandé aux Etats membres du Conseil de sécurité des Nations unies et aux pays donateurs d'assurer la protection de la population en RCA et d'augmenter considérablement l'aide humanitaire", alors que 20% de la population est aujourd'hui déplacée par les violences, rappelle le communiqué.
Par ailleurs, la plupart des populations musulmanes ont été chassées de l'ouest de la République centrafricaine, en proie à un conflit religieux meurtrier, et sont victimes d'un "nettoyage" ethnique, a annoncé Antonio Guterres, Haut-commissaire de l'Onu pour les réfugiés, jeudi.
Les affrontements, qui opposent les rebelles musulmans de l'ex-Séléka, auteurs d'un coup d'Etat en 2013, et des milices chrétiennes "anti-balaka" organisées en groupes menant des représailles, ont fait des milliers de morts civils.
"Depuis début décembre, nous avons effectivement assisté à un 'nettoyage' (ethnique) de la majorité de la population musulmane vivant dans l'ouest de la RCA", a estimé Guterres lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU consacrée à la situation dans l'ancienne colonie française.
"Plusieurs dizaines de milliers de musulmans ont fui le pays, il s'agit de la deuxième vague de réfugiés de la crise actuelle et la plupart de ceux qui restent se trouvent sous une menace permanente", a-t-il ajouté.