Placée sous le thème "Durabilité et ouverture aux personnes de tous les âges dans l'environnement urbain", la commémoration de cette journée a, certes, été l’occasion de réitérer les conclusions du rapport que le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a consacré à cette couche de la population, mais elle n’a nullement permis de lancer l’incontournable réflexion sur l’impact des transformations sociales en cours sur les mécanismes de solidarité qui permettaient aux vieux de ne pas trop ressentir les effets d’un quelconque isolement ou rejet.
Et pourtant, cela aurait dû être fait depuis fort longtemps. Précisément en janvier 2005, date à laquelle un rapport de l’Entraide nationale avait tiré la sonnette d’alarme sans que personne ne s’en émeuve outre mesure ou ne bouge le petit doigt. Les chiffres y contenus ne laissaient pourtant pas de place au doute. En ces temps-là, les vieux représentaient 5% des 46.000 pensionnaires des associations de bienfaisance et 9% dans les centres urbains. Une tendance qui s'est inscrite à la hausse depuis la fin des années 90.
Actuellement, 10 % de la population marocaine sont âgés de plus de 60 ans, mais seuls 1/5ème d’entre eux dispose d’une couverture sociale et médicale. Peu d’entre eux ont donc accès aux soins, et leur dépendance physique et financière augmente, dans un contexte où leur prise en charge dans le cadre familial est menacée, notamment par la nucléarisation croissante des ménages.
Faute de prendre le taureau par les cornes avec diligence, n’aurait-il pas été mieux en cette année de se remémorer? la fameuse phrase de Feu S.M Hassan II qui a tenu lieu de sacerdoce des années durant. «Le jour où l’on ouvrira la première maison de retraite au Maroc, notre société sera en voie de disparition », avait déclaré le Roi défunt sous forme de boutade.
De nos jours, pareilles institutions existent désormais sous différentes formes et avec des dénominations diverses. En nombre insuffisant et avec un encadrement qui laisse parfois à désirer certes, mais elles existent quand même et leur nombre est appelé à augmenter dans des proportions notables. Ce qui n’est ni une bonne chose en soi, ni une mauvaise. Ce qui est mauvais, par contre, c’est de continuer à faire l’économie d’une politique publique intégrée de protection des personnes âgées, dotée des moyens d'accompagnement et d'évaluation et qui prenne en considération leurs droits en termes de dignité, de participation et d'inclusion sociale et, surtout, d’œuvrer, autant que faire se peut et par tous les moyens possibles, pour que leur maintien au sein de leurs familles soit privilégié chaque fois que possible.