
Après des semaines d’affrontements, les hommes du CNT contrôlent la majeure partie de la ville natale de l’ancien dirigeant et encerclent ses partisans qui se sont repliés sur deux quartiers du nord de la cité portuaire.
Moustapha Abdeljalil, le président du CNT, s’est rendu mardi sur place. Monté à l’arrière d’un camion, il a salué les combattants qui criaient «Libye, Libye !» et tiraient en l’air en signe de joie.
«Il reste quelques poches de résistance, surtout dans le quartier Dollar», a déclaré le colonel Mohammed Adjhsir, l’un des chefs militaires du CNT sur place. «Selon nos informations, c’est là que se trouve Moutassim.»
Les pro-Kadhafi tiennent un autre quartier, Al Chabiya, mais ont subi de lourdes pertes depuis le début du siège il y a un mois. «J’ai vu beaucoup de combattants kadhafistes morts ou blessés ces derniers jours», a dit Karim Hassan, un travailleur marocain qui a pu fuir la ville.
Les loyalistes résistent avec acharnement et mènent parfois des contre-attaques. «Ils attendent qu’on soit regroupé quelque part pour nous attaquer, à la roquette et au mortier», explique un soldat du CNT, Ali al Roudjaï.
Les civils pris entre deux feux cherchent à fuir. Des familles terrifiées profitent des accalmies pour tenter de quitter la ville. Les soldats du CNT fouillent les voitures à la recherche d’armes.
«Il y a sans arrêt des explosions», dit une femme accompagnée de ses sept enfants. «Il n’y a pas d’eau, on n’a plus rien», ajoute-t-elle avant de fondre en larmes.
Un homme raconte qu’il a déjà tenté de quitter la ville deux fois avec sa femme et leurs trois enfants mais qu’il a dû y renoncer, faute de carburant pour sa voiture et en raison de la violence des combats.
Dans les faubourgs à l’ouest de la ville, sous la pluie, une trentaine de personnes ont pris place sur un camion, dont des enfants qui serrent dans leurs bras des couvertures et des poupées.
Ces réfugiés disent être originaires du Maroc et du Soudan et avoir été bloqués dans Syrte par les miliciens pro-Kadhafi qui les ont empêchés de quitter la ville avant l’offensive des forces du CNT.
L’un d’eux, Abdoul Menem Ahmed, d’Omdourman au Soudan, raconte qu’il a travaillé comme comptable pendant quatorze ans en Libye. «Les hommes de Kadhafi nous disaient que tout allait bien et à peine dix minutes plus tard les obus ont commencé à pleuvoir. Il n’y a plus ni vivres, ni eau, ni médicaments...»
Mouammar Kadhafi, lui, aurait trouvé refuge dans le désert du sud du pays.